Cloclo

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Drame
Durée
148
Titre Original
Cloclo
Notre score
5
Cloclo
Cloclo, c’est le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes…
Cloclo ou le portrait d’un homme complexe, multiple ; toujours pressé, profondément moderne et prêt à tout pour se faire aimer.


L’avis de Manuel Yvernault:

Passer de Nid de guêpes, Otage et L’ennemi intime à Cloclo n’est pas une trajectoire écrite, qui plus est pour Florent Emilio Siri, à la mise en scène rude, influencée aussi bien par Peckinpah que Carpenter. Seule l’intensité dramatique d’Une minute de silence pouvait donner bon espoir que Cloclo soit enfin un biopic avec un point de vue engagé et subversif tant le personnage le permettait. Hélas la famille François à la production et le désir de « cartonner » au box-office annulent (sans doute) tout effet immersif qu’on peut attendre d’un biopic de qualité.

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L’icône ou plutôt l’image iconique développée par Claude François durant près de 20 ans de carrière permettait de donner une ampleur sans commune mesure au projet Cloclo, au stade de l’écriture. Hélas le scénario de Julien Rappeneau (RTT, Un ticket pour l’espace et Largo Winch) et Florian-Emilio Siri reste d’une linéarité poussée et posée. Tout manque d’ampleur, aucune dimension n’est donnée à Claude François hormis les saveurs répétitives que tout documentaire télévisé nous a déjà conté cent fois. Dans un premier temps, il ne faudra donc pas rechercher d’éléments nouveaux et subversifs de la vie de Claude François. Tout est connu, l’ensemble est vu et revu.

Sur le plan formel, le réalisateur suit à la ligne une trame scénaristique dont il peine à donner de l’ampleur. Oui Florian-Emilio Siri est talentueux, mais à quoi bon faire un plan séquence démonstratif qui n’apporte rien au sens même de la séquence concernée, ni tension, ni intention. C’est gratuit et tape à l’œil. Alors certes, d’autres l’on fait avant mais cela n’a pas de place ici alors qu’aucune dramaturgie n’est soulignée. La mise en scène, moderne et maniéré, joue de ce genre d’effet trop souvent, comme une manie démonstrative de ce qu’il serait possible de faire. Dans un biopic dramatique cette surenchère visible et marquée à plus le don de faire sortir inconsciemment le spectateur de l’histoire au lieu de l’intégrer dedans; sur 2h30 cela commence à faire long.


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Alors on se surprend de temps en temps, emporté par la musique d’Alexandre Desplat, très fortement inspiré ici, pour sortir de la léthargie tous les moments dramatiques du film. Quand la bande son et les comédiens sont les uniques facteurs d’une naissance d’émotion, on peut émettre des doutes sur le potentiel de la réalisation de Siri. Quel dommage et frustration venant du metteur en scène de L’ennemi intime!

C’est donc sur la prestation sans faille de Jérémie Rénier, parfait dans le rôle de Claude François, autant pas son mimétisme que dans son implication dans le rôle, que notre attention se posera. Lorsque le comédien « s’empare » du corps de Cloclo le chanteur « à midinettes » reprend vie. Bluffant de travail de composition, Rénier confirme qu’il est l’acteur pour prendre corps de l’icône. En outre on retrouve un chanteur tourmenté et d’une personnalité étrangement policée.

Pourquoi ne pas avoir été plus loin dans les travers du chanteur afin de présenter un personnage et ses souffrances intérieures plutôt que de nous soumettre sous l’égide de la fiction cette fois, un autre « documentaire » ?

Le reste du casting, agréablement mimétique des personnages originaux, avec un Benoît Magimel grimé à la limite de l’improbable, postiche et accent vocal inclus, facilite la projection du spectateur dans l’époque, qui plus est pour la génération concernée.

Là où certains réussissent une superbe implication lors de biopic, on reverra Bird pour compenser par exemple, Cloclo se roule sur la scène de la facilité, sautille de coin d’estrade linéaire et polisse l’ensemble de fard à paupières comme si la star elle-même suffisait à faire un film. On passe, une fois de plus à côté de quelque chose d’intéressant et prenant. Loin d’être immersif et cinématographique.

A ce rythme, ayons une pensée pour les producteurs qui devront trouver une solution (de bons scénarios par exemple), car d’ici 2/3 ans, le « cheptel » biopic facile sera bientôt épuisé. Telle une mode (et non plus un genre), les suivants à prendre la relève seront Elton John, Elvis (tiens, jamais fait), Pablo Escobar, Steve Jobs (ah oui, forcément)…On attendra personnellement celui concernant Miles Davis et Jeff Buckley (quoique là encore…).
Dans l’attente Cloclo résonne uniquement comme la ferveur et le succès déjà maîtrisé d’une star qui avait tout compris d’un système, comme le film du même nom.
Cloclo
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