Obsédée par la disparition de sa sœur, une femme s’engage dans une quête désespérée qui la conduit au cœur d’un mystère terrifiant, orchestré par un mal insaisissable.
Pour son premier long-métrage le Youtubeur critique de cinéma et vidéaste Chris Stuckman a trouvé des financements via une campagne Kickstarter (1,4M$) et la société Neon, à noter que Mike Flanagan officie en tant que producteur exécutif.
Comme dans sa série de vidéos 4th Annual Halloween Special, Chris Stuckman joue avec le procédé du found footage popularisé par Blair Witch Project (1999), longtemps le film le plus rentable de l’histoire du cinéma. La première demi-heure de Shelby Oaks mélange avec habileté plusieurs régimes d’images pour poser son intrigue policière, une enquête menée par la soeur d’une jeune Youtubeuse disparue avec son équipe de chasseurs du paranormal dans des circonstances étranges (interprétation globalement mauvaise comme souvent dans ces petits budgets) : interviews dans un vrai-faux film documentaire, images amateurs de found footage avec grain VHS et plans classiques. Assez vite une narration traditionnelle prend le relais avec investigation nocturne dans une prison désaffectée puis dans une forêt dense, la tension bien gérée avec une économie de moyens, silhouette humaine inquiétante dans une image gelée, attaque furtive d’un monstre dévoilé très partiellement, yeux brillants d’une créature planquée dans l’obscurité.
Mais dans le dernier tiers, une fois franchie la porte de la traditionnelle cabane au fond des bois, le film perd de son intérêt en abandonnant la suggestion, travail interessant sur la dissimulation dans le cadre et le son dans le hors champ (l’école M.Night Shyamalan) pour le grand guignol (l’école James Wan) avec un étalage grossier des figures et ingrédients du film d’horreur, soit la trappe d’une cabane perdue au fond des bois, la sorcière à l’hygiène douteuse, le bébé livré en sacrifice dans un rituel païen et le démon cornu bodybuildé. Stuckman nous sert un best-of indigeste du film d’horreur, de l’épouvante au folk horror, empruntant à Evil Dead (1981), Midsommar (2019), Rosemary’s baby (1968) ou bien encore Conjuring (2013) dans un exercice de style de petit malin qui donne tout pour épater la galerie notamment des producteurs susceptibles de lancer une franchise très rentable à la Paranormal Activity (2009) et Conjuring.


