L'écume des jours
L'écume des jours

L’écume des jours

Réalisateur
Michel Gondry
Acteurs
Aïssa Maïga, Alain Chabat, Audrey Tautou, Charlotte Le Bon, Gad Elmaleh, Omar Sy, Philippe Torreton, et Romain Duris
Pays
France
Genre
Comedie, Drame, et Fantastique
Durée
125 min
Titre Original
L'écume des jours
Notre score
7

L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

L’avis de Manu Yvernault :

A l’exception du grand Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Michel Gondry n’a jamais vraiment livré une œuvre cinématographique inoubliable. The Green Hornet était plutôt bien exécuté mais clairement un film de commande.

On reconnaît l’évident génie du réalisateur en format courts (clips, pubs…) et ce avec la définition la plus grande de ces termes dans son aptitude artistique et créative.

Or, être un créateur, un génie aux idées foisonnantes, ne fait pas forcément un cinéaste au long cours. Preuve en était jusqu’à maintenant.

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Alors, forcément, dès que les premières infos étaient tombées sur la mise en œuvre de l’adaptation du roman de Boris Vian, avec Romain Duris et Audrey Tautou comme interprètes de Colin et Chloé, nous étions presque aux anges devant l’évidence de cette réunion et ce malgré la difficulté d’adaptation cinématographique d’une telle œuvre.

Difficile de gratuitement tirer sur le film. L’intention est clairement présente. On sent avec sincérité l’envie du réalisateur de rendre hommage à l’univers créé par Boris Vian, peut-être trop même. Michel Gondry déborde souvent en essayant constamment de surcharger chaque scène de ses inventions visuelles, mécaniques, comme un enfant dans sa salle de jeu, voulant avec sincérité et envie non mesurée, nous déballer tous ses jouets.

Nous sommes bien évidemment séduit par la démarche mais comme tout enfant, nous voulons participer, pourquoi pas toucher, comprendre et s’immiscer dans cet univers. Faire ceci de manière formelle étant bien sûr impossible, on se devait au moins par projection, s’identifier, au pire, être attendri par les marionnettes de son histoire. Or, à aucun moment nous ne pouvons avoir de l’affection, de la compassion pour les deux héros, tout comme pour les autres protagonistes. Sous son déluge d’effets mécaniques et visuels Michel Gondry délaisse complètement ses comédiens dans une histoire qui n’a de nom uniquement dans sa première demi-heure. C’est ensuite une compilation de séquences, le terme d’ellipses devenant presque la marque du film.

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Difficile dans ce zapping visuel (ce qui fonctionne en littérature n’est pas forcément bienvenu en cinéma) force à la compilation d’idées enchanteresses. On ne peut critiquer la manière, une poésie visuelle opère à chaque seconde, on reste même parfois soufflé par ce mitraillage d’idées, ici nous sommes chez Vian ou chez Gondry, peu importe les deux se marient parfaitement dans ces instants là. En ce qui concerne la critique sociale que le livre offrait, nous passons clairement à côté, tout comme la romance si touchante, en lettres. Ici le couple Tautou-Duris, s’effondre totalement. Leur interprétation est juste, on perçoit vraiment Chloé et Colin mais Michel Gondry ne semble pas vraiment savoir quoi en faire, chaque instant, tragique, comique, magique est coupé au hachoir par une autre séquence tombée du ciel comme ce nuage trop artificiel dans lequel le couple semble vouloir un moment s’échapper.

L’écume des jours semble être le résultat d’une overdose visuelle, une usine superficielle, d’un bazar chimérique où tu serais à vendre. À ce jeu du surplus, l’histoire, les personnages et surtout l’âme même de l’œuvre sont délaissés, étouffés par ce trop plein. Malgré la romance aérienne que tente d’implanter Michel Gondry, les scènes en noir et blanc sont sublimes, et les quelques envolées de lyrisme étourdissent lors de sublimes séquences, L’écume des jours n’arrive cependant jamais à s’ancrer visuellement. Le passage des lettres aux images se fait avec perte et fracas dans une surenchère visuelle aux dépens d’une poésie et d’une fantaisie qui étaitent le nerf narratif de l’œuvre de Boris Vian. Ici, trop de Gondry tue le cinéma de Michel, ou l’inverse.

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L’écume des jours
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