Gone Girl
Gone Girl

Gone Girl

Réalisateur
David Fincher
Acteurs
Ben Affleck, Neil Patrick Harris, et Rosamund Pike
Pays
USA
Genre
Thriller
Durée
149 min
Titre Original
Notre score
9

A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

Avis de Manuel :

Pour certains, Se7en se résume à Brad Pitt et Morgan Freeman, pour d’autres, le nom qui marquait à l’époque était David Fincher. Première «rencontre». Premier choc visuel. Intriguant dans sa mise en scène sur Alien 3, confirmé, épatant et faisant preuve d’une audace folle pour l’époque, sur son deuxième film, thriller urbain, poisseux qui a marqué toute une génération.

Presque 20 ans plus tard (déjà !), chacun de ses films peut se monter sur son nom. Les studios se rassurent seulement par un casting accrocheur mais pas forcément synonyme de recettes avant tournage. David Fincher fait partie de ces rares réalisateurs à avoir le director’s cut à Hollywood.

En résumé il est passé en quelques années de maestro de la mise en scène pour cinéphiles, à réalisateur reconnu pour sa mise en scène, d’une maîtrise inouïe.

Il est passé depuis quelques années à l’échelon supérieur et utilise enfin le numérique avec parcimonie. Fini les travellings avants qui passent à travers toute une pièce, une cafetière ou autre pour démontrer la prouesse d’un mouvement sans intérêt autre que formel (cf. Panic Room). Ce qui animait parfois le réalisateur dans certains excès, disparu depuis Zodiac, fait aujourd’hui office de péché de gourmandise, avoué. Prescription faite.

Le spectateur, vierge de la lecture du roman original et même, se verra manipuler du début à la fin. Mais comme Fincher n’apprécie pas la violence d’un twist final à la force brute et directe, il préfère distiller tout au long du film une manipulation narrative et de mise en scène; un délice et une démonstration sur ce point, construit sur les faux-semblants.

David Fincher n’a jamais vraiment été à l’origine des histoires qu’il met en scène mais porte une importance immense à la globalité de son sujet. Après la société de consommation et néo-capitaliste de Fight Club, les réseaux sociaux et la vision primaire des valeurs d’une génération Y dans The Social Network, c’est ici aux médias qu’il s’attaque en sous lecture. Ceux que dévorent et digèrent avec quelques difficultés les américains. Les manipulations de l’image et ce qui en résulte. Intéressant pied de nez d’un réalisateur qui a forgé son succès sur l’art graphique et picturale de ses œuvres, en donnant à chaque fois un sens à sa mise en scène (voir ici, très parlant à 4’08’’).

Gone Girl est une vraie réussite. Prodigieux de bout en bout, thriller majuscule aux accents de polar, noir parfois qui , sans prétention, impose une vision pessimiste et nihiliste du mariage et des apparences du couple. En 20 ans, David Fincher est passé de l’Enfer de Dante (Se7en), à celui sous couverture mais tout autant fataliste, d’une belle société aux oripeaux individualistes sous apparences, donc d’actualité. Autant de radicalité offerte dans joli papier cadeau, c’est tout ce qu’on attend du réalisateur. Jamais perdu et éperdument dans le renouvellement.

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Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, sa direction d’acteurs est encore impeccable, Ben Affleck n’a pas été aussi bon depuis Hollywoodland, Rosamund Pike devient une évidence, autant par son jeu que son physique, dans un rôle peu évident.

On saupoudre le tout avec une photo « fincherienne » comme toujours, Jeff Cronenweth (Fight Club, Millenium) en chef op et les fidèles Atticus Ross et Trent Reznor au score comme sur ses 2 derniers films.

Gone Girl est d’une élégance folle, retranscrit une âpreté sous-jacente dans un écrin formel mais impressionnant dont David Fincher semble être définitivement le maître, dans un cinéma actuel totalement formaté, là où les producteurs désirent toucher un large public. Il est à parier qu’à trois mois de la ligne d’arrivée, Gone Girl finira dans de nombreux Top 10 de 2014.

Ah, et on en oubliait presque la nouveauté dans le monde carré et aiguisé de David Fincher, nous n’avons pas le souvenir d’avoir si souvent souri durant ses films. Finalement, La Divine Comédie de Dante semble avoir pris des visages bien différents en 20 ans, mais toujours aussi captivant quand Fincher en met en scène les métaphores, même inconscientes.

Gone Girl
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9
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