Envoyés très spéciaux

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Comedie
Durée
92
Titre Original
Envoyés très spéciaux
Notre score
5
Envoyés très spéciaux

R2I, célèbre radio d’info, envoie en Irak son meilleur duo de reporters : Frank, journaliste, et Poussin, ingénieur du son. Très vite, c’est par millions que les auditeurs suivent leurs récits très documentés, reflétant « à chaud » l’intensité des combats et la difficile survie de la population.
Le jour où Frank et Poussin sont victimes d’une prise d’otages, un mouvement de solidarité d’une rare ampleur s’organise pour obtenir leur libération : autour du slogan « un euro pour nos otages », la France se mobilise en masse. Mais le gros souci pour Frank et Poussin, nos deux envoyés très spéciaux, ce n’est pas vraiment la prise d’otages : leur vrai problème, c’est plutôt qu’ils n’ont jamais mis les pieds en Irak, et que les récits haletants qui ont fait leur notoriété, c’est depuis Barbes qu’ils les enregistrent…

Avis LeStein :

Encore une fois, il est bien plus simple de faire passer un sujet difficile à évoquer sous les principes propres à la comédie que de le traiter de front par le drame. Nous avons tous vus comment Roberto Benigni a ému le monde en 1996 avec La vie est belle dont le sujet était plutôt coriace. Frédéric Auburtin a visiblement cherché à faire de même mais nous ne pouvons pas dire qu’Envoyés très spéciaux joue dans la même catégorie. Et je pense pas que le réalisateur ait réellement eu cette intention.

Notre sujet délicat est les prises d’otages qui malheureusement sont trop courantes depuis ces dernières années. En même temps, c’est un peu notre faute car si nous ne cherchions pas à avoir des scoops, nous n’enverrions pas de journalistes dans les zones à risques et comme ça nous éviterions bien des malheurs…Ce serait tellement simple mais à ce moment il faudrait faire de même avec les conflits politico-religieux, les ONG, le bassin d’Arcachon, mais là nous nous embarquons dans la folle histoire du monde que nous ne pouvons changer….

Le style comédie à la française est encore une fois de mise, dans le genre du Dîner de cons, Le Boulet, l’Emmerdeur. Vous voyez le genre : un mec qui assure et un autre qui fout la merde!!! Et durant tout le film, chacun va tenter de réparer la connerie de l’autre. Mais comme souvent, derrière la comédie se cache beaucoup de thèmes comme par exemple, le travail, l’amitié, l’amour, les passions. Et quand on y réfléchit bien, on se dit que la vie rassemble tout ça et que si un des éléments vient à manquer c’est tout le système qui vacille. Si vous partez trop dans le travail, les amis trinquent tout comme la famille…et si d’un coup le côté amical commence à partir en sucette, le travail s’effondre et vous vous effondrez aussi ! Vous n’êtes plus à 100% dans le coup…

C’est ça, Envoyés très spéciaux : c’est l’aventure de deux hommes qui bossent ensemble sans vraiment se connaître dont les vies personnelles ne sont pas au top et cela se répercute dans leur travail. Ajoutez à cela que l’un n’est pas étranger au malheur du second mais que s’il l’apprend, ça risque de compliquer encore plus la chose.

Gérard Lanvin prouve, encore une fois, qu’il est un des piliers dans le cinéma français puisqu’il est capable de tout faire et ce avec une facilité déconcertante (enfin, il peut encore perfectionner son rôle de terroriste corse, vu dans Mesrine L’ennemi Public n°1). Mais sinon il peut tout faire. D’autant plus qu’il a déjà goûté à la comédie de ce style avec Le boulet. Ici, il campe le personnage de Frank , reporter radio, homme sous les feux de la rampe qui aime sa position de meneur. Plutôt solitaire, il aime le flirt et s’en sert pour ne pas s’engager dans des relations plus profondes. Gérard Jugnot quant à lui interprète, comme toujours et ce depuis les années du splendide, le rôle de Poussin, bouffon mais pas trop, sous les traits d’un technicien radio qui semble être le bon pigeon honnête qui est lancé dans le travail à corps perdu. Nous ne pouvons pas dire qu’il ne fait que cela puisqu’il est marié à une superbe femme et qu’il a une passion pour Citroën. Tout est présent pour nous émouvoir, nous faire un peu réfléchir de manière subtile mais il manque un quelque chose.

Par un malheureux geste, ils se retrouvent coincés en France alors que tout le monde pense qu’ils sont en Irak. Pris au dépourvu, ils vont mener à bien leur mission qui est de témoigner du conflit irakien, tout en essayant de trouver une solution pour se sortir des situations délicates à savoir : ne pas se faire remarquer en France, dissuader un homme de retourner voir sa femme et jouer le bon pote réconfortant en essayant de ne pas se compromettre.

Si quelques scènes et situations sont sympathiques comme la fausse déclaration de prise d’otage, il n’y a pas beaucoup de chose à se mettre sous la dent. La présence d’Omar Sy est bénéfique et nous amuse pas mal. Visiblement, il est l’homme second rôle de ce début d’année, en espérant qu’il ne tombe pas dans l’engrenage trop connu du : «je suis connu, et je vais tout faire pour que l’on me voit partout au risque d’en faire trop» et ce serait bien dommage car ses apparitions sont tout de même excellentes.

Tout ça c’est bien sympa mais quant le film commence à tourner en rond, nous faisons pareil. Nous attendons un petit déclic qui n’arrivera pas. En effet, tout devient prévisible et casse le charme qui s’était instauré. Nous sortons du film avec une sensation de film terminé à la va comme je te pousse et nous verrons bien. Les situations sont, au final, un peu niaiseuses et certains personnages (surtout les secondaires) sont trop effacés alors qu’ils ont du potentiel comme la petite amie, Claire, interprétée par Anne Marivin (Bienvenu chez les Ch’tis) qui n’est qu’un pion pour Frank ou encoreValérie Kaprisky (Le cœur des hommes 2) qui, dans le rôle de Françoise Poussin, ne semble pas à l’aise dans son rôle de compagne inutile alors qu’elle est tout de même l’élément déclencheur de la totalité du film. Ceci est regrettable car nous pouvons faire des femmes fortes (je pense à Isabelle Huppert dans Un barrage contre le Pacifique, où elle veut juste tuer toutes les personnes approchant de ses enfants, tout en leur hurlant dessus, splendide), mais pas dans Envoyés très spéciaux.

Dommage, il ne manquait qu’une pincée de courage et d’audace pour emmener ce film dans la satire douce mais qui fait mal.

Envoyés très spéciaux
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