Cosmopolis

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Drame
Durée
108
Titre Original
Cosmopolis
Notre score
8
Dans un New York en ébullition, l’ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

 Film en compétition dans la Séléction Officielle au Festival de Cannes 2012

 

 L’avis de Fabien

Pour son nouveau film très attendu, David Cronenberg s’est associé à la vedette de Twilight Robert Pattinson pour une adaptation du livre de Don DeLillo, Cosmopolis qui relate sur une journée le parcours autodestructeur d’un goldenboy dans un New-York envahi par le chaos.

Fidèle au texte de l’écrivain dont il a conservé les dialogues brillants, le réalisateur canadien orchestre, dans une ambiance déliquescente hypnotique, cette virée suicidaire à bord d’une limousine high-tech avec laquelle le jeune multi-millionnaire brillant et arrogant traverse la ville, paralysée par la visite du président aux USA, une émeute anti-capitaliste et où plane une menace de mort à son encontre, pour se rendre chez son coiffeur.

Ponctué de discussions avec ses collaborateurs ou bien sa femme où les dialogues ciselés vont avancer l’intrigue et disent peu à peu la névrose du personnage principal, le récit avance de manière fluide vers la chute inéluctable de ce roi de la finance recevant ses interlocuteurs sur un imposant fauteuil semblable à un trône. Cette idée absurde, traverser une ville agitée pour une coupe de cheveux, fait sens quand sa logique tragique apparait dans les dernières sens: un retour dans le quartier de son enfance pour en finir.

La mise en scène de Cronenberg, avec ses mouvements de caméra très étudiés, permet au film ne jamais être prisonnier de son dispositif scénique, une limousine où se déroule l’essentiel de l’histoire. Les angles de prises de vue, les subtils travellings associés au jeu des acteurs installent un climat anxiogène troublant typique des films du réalisateur qui filme le comportement jusqu’au boutiste de son héros avec une sorte de fascination perverse.

Le choix de Robert Pattinson, acteur d’une saga populaire éloigné du cinéma étrange de Cronenberg, s’avère convaincant. Il parvient à rendre ce personnage peu aimable attachant par les failles qu’il révèle au gré de des rencontres (son épouse dont il a du mal à retenir l’attention, son coiffeur qui l’a vu grandir et s’élever au-delà de sa condition modeste, un ancien collaborateur dépressif) qui émaille ce voyage sans retour. 

Chute d’un homme, d’un système, Cosmopolis n’est peut-être pas le meilleur film de son réalisateur, certains n’apprécieront pas les tunnels de dialogue à la fin et l’aspect clinique du sujet mais ce voyage désespéré a un style et une tonalité vraiment particulières raccords avec l’univers tourmenté de Cronenberg, ici en parfaite adéquation avec le texte de DeLillo.

  

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Avis de Manuel Yvernault :

Toute création « auteuriste » peut avoir ses propres limites. Cosmopolis en est le parfait exemple. Telle une pièce de théâtre aux multiples décors, Eric Packer (Robert Pattinson), golden boy de la finance à résonance mondiale, est la parfaite métaphore d’un monde capitaliste en plein déclin. Cronenberg, entièrement au service de l’œuvre qu’il adapte, livre une démonstration extrême de mise en scène d’une beauté saisissante mais limitée, de fond et de forme. Tout le monde n’y trouvera pas son compte, avant tout dû à une bande-annonce presque mensongère, jouant sur des faits d’actions qu’on ne retrouvera jamais tels quels dans le film; Cosmopolis est plus de l’ordre de la réflexion.

Récit complexe tant par ses nombreux dialogues que par le fond, quasi métaphysique par moments, le film est imprégné de la patte de son metteur en scène dans la composition du moindre cadrage. Tel un parcours jalonné d’obstacles, analogie sociale, la journée d’Eric Packer laissera la plupart des spectateurs sur le trottoir.

Étrangement c’est dans ses plans les plus serrés que Cronenberg réussit à donner à son film les plus grandes respirations, en étroite relation des comédiens, au plus proche de leur jeu, d’eux, de leur visage et de leur corps. À ce titre Pattinson devient un vrai comédien, à la composition plurielle, démontrant un talent que l’on considérait caché jusqu’alors.

Cosmopolis signe enfin le retour d’un Cronenberg au plus profond (trop ?) de son œuvre, fascinant par les effets qui éclos de sa mise en scène, où un arrière-goût est toujours présent, celui qui a défini l’œuvre d’un maître entre la chair et l’âme.

Pour critiquer un monde capitaliste vouer à sa perte il n’y avait pas meilleur metteur en scène, en outre, tout le monde n’acceptera pas cette invitation pour fêter ce retour.

 

Cosmopolis
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