Par Jean-Marc THEROUANNE

Le Jury de l’Asian Competition : Minh Châu, Jang Joon Hwan, Martine Thérouanne, Shozo Ichiyama, Lorna Tee (crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
Les 14 films de l’Asian Competition brossent un portrait contemporain des cinémas d’Asie. Ils sont jugés par un jury composé de cinq membres : Président : Jang Joon Hwan, réalisateur de « Save the Green Planet » (Corée) ; membres
: Shozo Ichiyama, fondateur et directeur du Festival FILMeX de Tokyo (Japon), Lorna Tee, programmatrice, productrice et Secrétaire Générale de l’Asian Film Alliance Network (Malaisie), Minh Chàu, actrice multi-primée (Vietnam), et Martine Thérouanne, cofondatrice et directrice du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul (France).
A la cérémonie de clôture, le président du jury Jang Joon Hwan, a remercié le Da Nang Asian Film Festival d’avoir invité les cinq membres du jury de la compétition asiatique. Il a régné au sein du jury une entente parfaite et fraternelle. Il a également remercié la ville et les habitants de Da Nang de les avoir accueillis chaleureusement et permis ainsi aux cinq membres d’embrasser les joyaux cinématographiques présentés lors de ce 3 e festival du film asiatique de Danang. Le cinéma a un rôle important dans la société pour mettre en valeur à la fois nos différences et nos points communs, et pour apprécier que notre monde se compose de voix, de cultures et d’émotions diverses.
Les cinq membres du jury ont vu 14 films venus de toute l’Asie géographique du Proche à l’Extrême-Orient. Ils ont profondément admiré certains d’entre eux, comme cela se vérifie dans l’attribution des prix. Les 14 films de la compétition Asian présentent une grande diversité de scénarios et de genres cinématographiques, tout en ramenant à ce qui est le plus fondamental, notre humanité commune et notre compassion pour nos semblables, peu importe d’où nous venons.

(Crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
1- Le Prix du Meilleur film : Deal at the border de Dastan Zhapar Ryskeldi (Kirghisistan) :
Ce film kirghize présente une histoire captivante autour de ce qui peut sembler être une décision « stupide » du protagoniste du film, mais finalement la soi-disant stupidité aux yeux d’autres personnes ayant moins de courage et de conviction, prouve que cet acte, de compassion et de conscience, est ce dont nous avons plus que jamais besoin dans ce monde hanté par la corruption, le trafic humain et le crime dépouillant les gens de leur intégrité morale dans la vie, comme devant la mort. Le film parvient à évoquer des aperçus puissants de la société kirghize. L’histoire et les personnages sont familiers et émouvants pour tous ceux comprenant les limites de la survie. Le film pousse à réfléchir à la façon dont nous nous comportons lorsque nous sommes confrontés à un choix moral dans un monde sombre. Il inspire chacun à sauvegarder son intégrité morale pour s’efforcer d’accomplir le bien malgré tout.

(Crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
2- Le Prix du jury : Don’t cry butterfly de Duong Dieu Linh (Vietnam) :
Ce film emprunte une voix nouvelle, audacieuse et passionnante dans le cinéma du Vietnam. Il repousse les limites des personnages féminins et de leur représentation. Ce drame puissant, à la limite de la pathologie, mélange les genres : fantaisie, comédie, fantastique, voire horreur. Les membres d’une même cellule familiale apprennent à se confronter à la trahison et à la remise en cause des valeurs familiales. La cinéaste défie les normes conventionnelles cinématographiques admises dans son pays en se frayant sa propre voix en tant que conteuse.

(Crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
3- Le prix du Meilleur Réalisateur est décerné à Guan Hu pour son film Black Dog (Chine) :
Ce film met en scène de façon magistrale le travail du réalisateur offrant une vision cinématographique grandiose. Ce film montre des paysages épiques de terres désertées et de personnes laissées pour compte dans la marche forcée de la modernisation et de la croissance de la Chine. Le lien émouvant et inattendu, entre un homme en quête de rédemption et un chien à la recherche d’un abri et d’une amitié, est mis en scène par le réalisateur dans le but de réaliser un film populaire combinant des éléments du film noir et du réalisme social. Le réalisateur nous attire dans le monde où les humains sont piégés dans le cycle du temps et les animaux sont libérés de l’éclipse de la captivité.

(Crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
4- Le prix du Meilleur Scénario est attribué à Muddy Foot du réalisateur iranien Mohammad Ebrahim (Iran) :
Le film débute par un match de football tournant mal pour le joueur vedette. Celui-ci reçoit un projectile à la tête entraînant sa mort. S’en suit l’enquête d’un frère aîné protecteur et aimant, découvrant la vérité amère. Celle-ci est dévoilée petit à petit par la découverte des tromperies et des mensonges de l’ensemble des personnages de l’histoire. Les spectateurs sont témoins d’un monde consumé par la corruption et les jeux d’argent. Les rêves sont anéantis par la réalité sociale.

(Crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
5- Le Prix du Meilleur Acteur est décerné à Lee Kang Sheng dans Stranger Eyes (Singapour). L’un des acteurs les plus emblématiques de sa génération accomplit une performance dans un thriller à suspense se déroulant dans un monde où nous sommes toujours observés, que ce soit en public ou aussi dans des moments privés. Sa performance est effrayante, hantée et profondément émouvante. Elle va dénouer les blessures profondes de chaque habitant urbain où la vie privée et la sécurité ont un prix qui peut nous consumer.

(Crédit photo Jean-Marc Thérouanne)
6- Le prix de la meilleure actrice va à Nurzhan Beksultanova d’Abel (Kazakhstan). Dans une nation aux prises aux changements politiques radicaux dépouillant les paysans de leurs terres et de leurs moyens d’existence, une famille tente de résister aux forces du changement. La cohésion familiale est maintenue par la matriarche inébranlable tenant coûte que coûte son rôle de femme au foyer. La performance de l’actrice s’étend des moments doux et aimants avec les jeunes, entrecoupés d’un désir déterminé et intense de protéger sa famille, aux éclats émotionnels provoqués par la colère face au destin portant un coup cruel aux siens.


