Après un premier shoot de nostalgie offert en 2020 avec ses deux premiers volets, la légende du skate est de retour dans Tony Hawk Pro Skater 3+4, remake des épisodes éponymes. Alors, la magie opère-t-elle toujours autant ? Verdict dans la suite.
Tony Hawk Pro Skater. Entre nostalgie et véritable religion vidéoludique, la saga initiée par Neversoft et Activision aura su graver la mémoire des joueurs, notamment ceux ayant grandi avec les premiers opus sur PS1. Résolument orientés vers l’arcade et le fun avec un côté presque cartoon ouvertement revendiqué, les THPS se sont illustrés au panthéon des jeux les plus cultes de l’époque, avant que la licence ne peine malheureusement à se maintenir sur la durée, notamment face aux nouveaux venus Session et Skate. Après les parenthèses Tony Hawk Underground et Shred (et sa planche réelle), la licence aura tenté un premier retour avec un Tony Hawk Pro Skater 5 de sinistre mémoire. Mais c’est grâce au retour aux sources Tony Hawk Pro Skater 1+2, remake des deux premiers volets orchestré par le studio Vicarious Vision, que la saga aura su retrouver les grâces du public, autant les nostalgiques que les nouveaux joueurs. Si l’on pouvait s’attendre à ce que ce retour en force facilite rapidement le remake de nouveaux volets, il aura malheureusement fallu attendre près de cinq ans pour cela. Bonne nouvelle néanmoins, l’attente en valait le coup, même si les vieux de la vieille risquent de grogner un peu.

En premier lieu, quelques précisions. Vicarious Vision ayant été racheté, puis absorbé/fermé par Activision-Blizzard, c’est ici le studio Iron Galaxy qui est en charge du remake. Toutefois, peu de changement à l’horizon, on reste sur les mêmes – excellentes – bases posées par Neversoft et Vicarious Vision. Par ailleurs, le 4e volet, qui introduisait beaucoup de nouveautés autant côté gameplay que ambiance, est ici modifié pour se caler davantage sur l’expérience des trois premiers volets. Toutefois, votre serviteur n’ayant pas eu l’occasion de tester ces volets 3 et 4 à l’époque, les impressions de ce test se feront davantage sur un feeling plus neutre que sur celui des deux premiers volets.

Pour rappel, les THPS (du moins les 3 premiers) se sont toujours articulés autour d’un niveau et d’un chrono de deux minutes pendant lequel il fallait tâcher de remplir différents objectifs (un par un, ou plusieurs à la fois selon votre maitrise). Pas de changement ici, on retrouve bien cet aspect du gameplay qui fait une part de l’essence de la saga, et qui s’applique désormais au 4e volet en lieu et place de la « balade libre » pendant laquelle le joueur pouvait déclencher lui-même les objectifs selon ses envies dans le niveau. Un premier élément sur lequel les anciens risquent de grogner, même si la possibilité d’explorer les skateparks sans chrono pourra compenser un peu. Côté missions à remplir, outre les différents objectifs répartis dans chaque niveau (lettres SKATE et cassette secrète à collecter, scores à battre, tricks spéciaux et défis funs à remplir…) qui répondent à nouveau présents et seront l’occasion de découvrir les moindres recoins des niveaux, on retrouvera également les compétitions demandant de montrer sa maitrise pour décrocher l’or (attention aux chutes sous peine de malus).

Sur le plan du gameplay, aucun changement par rapport à l’univers THPS, on reste dans une approche totalement arcade, voire cartoon, où il sera possible d’enchainer les tricks les plus improbable tout en défiant les lois de la physique et les limites du corps humain. La licence THPS s’est avant tout illustrée dans le coeur des joueurs par son côté over-the-top, et c’est donc cet aspect-là que l’on retrouve à nouveau ici, le principal but étant d’enchainer les combos les plus fous, si possible sans interruption. Car oui, si placer un joli aerial ou un long grind sans chuter à l’atterrissage sera évidemment plaisant, réussir à les enchainer et les multiplier au sein d’un même combo pour péter les scores deviendra très vite jouissif, en plus de se révéler rapidement impératif si vous espérez remporter les défis de scoring. Pour faire simple : rapide à apprécier, long à maitriser. Du pur Tony Hawk, en somme. Et à apprécier aussi bien seul qu’en coop ou en ligne, svp !

Vous l’aurez compris, le plaisir du gameplay est toujours intact dans THPS 3+4. De même, graphiquement, le titre, sans être une vitrine graphique, n’aura pas à rougir de son prédécesseur même si on notera toutefois quelques artefacts et brefs ralentissements ici et là, mais rien de fâcheux. Toutefois, on ne pourra pas en dire autant sur d’autres aspects. On l’a déjà dit plus tôt, la structure originale de THPS 4 est largement revisitée dans ce remake, ce qui fera sûrement grincer quelques dents parmi les fans. Mais là où Activision et les développeurs risquent de s’attirer quelques foudres, c’est sur le plan du contenu. En termes de niveaux, si ce remake proposera bien trois nouveaux levels (dont un flipper géant et un parc aquatique abandonné), ce sera au prix de la suppression d’au moins quatre anciens skateparks. Idem côté personnages, bon nombre de skaters des jeux originaux ont été supprimés ou remplacés. Certes, le roaster de ce remake demeure très fourni, incluant notamment les « petits jeunes » qui se sont illustrés dans le monde du skate ces dernières années, mais pour ceux qui rêvaient de skater à nouveau dans la peau de Darth Maul, Jango Fett ou Wolverine, ce sera une déception supplémentaire, à peine compensée par la présence du Doom Slayer (via la Deluxe Edition) ou de Michelangelo des Tortues Ninja. Bonne nouvelle toutefois, Bam Margera fait son retour, sans oublier l’Officier Dick, toujours campé par Jack Black. Mais c’est surtout l’aspect musical qui risque de faire hurler les puristes puisque sur une soixantaine de chansons qui composent l’OST, seules une dizaine proviendront des jeux originaux ! Un choix qui serait à priori une initiative de Tony Hawk himself qui auraient voulu profiter de l’occasion pour faire découvrir une pelletée de nouveaux titres aux joueurs, un aspect qui était également à la base des THPS selon lui. On ne pourra pas vraiment lui donner tort, même si il y aurait fort à parier qu’une histoire de budget, de royalties, d’ayants-droits, de gros sous en somme, a également dû passer par là. Mais bon, au vu de la qualité globale de ces remakes et du plaisir de fendre à nouveau l’asphalte et les airs sur nos planches virtuelles, c’est bien peu de choses. D’autant que, petit geste appréciable, les versions physiques old-gen (PS4/Xbox One) incluent également un accès gratuit aux versions current-gen (PS5/Xbox Series), là où THPS 1+2 avait misé sur un upgrade payant.

Oui, malgré ses nombreux sacrifices et choix d’adaptations certes discutables par rapport aux jeux originaux, Tony Hawk Pro Skater 3+4 n’a pas à rougir face à son prédécesseur THPS 1+2. Toujours aussi fun à jouer et un brin exigeant à maitriser, ce remake confirme combien la formule initiale THPS n’a pas pris une ride. Maintenant que la licence est de retour plus en forme que jamais, on espère plus qu’une chose : un nouveau jeu THPS, un vrai (et aussi bon svp !).


