Le 26e Festival International du Film de Busan par temps de la Covid-19
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Le 26e Festival International du Film de Busan par temps de la Covid-19

Par notre envoyé spécial Jean-Marc Thérouanne

Busan est la deuxième ville en nombre d’habitants de la République de Corée. Elle a énormément souffert des destructions dues à la guerre de Corée (1950-1953).  Des dizaines de milliers de soldats du monde entier, ayant combattu l’invasion communisme venue du nord, reposent dans le très émouvant cimetière des Nations Unies.

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Cette ville est aussi connue dans le monde entier par le Busan International Film Festival (BIFF) l’un des cinq plus grands festivals de cinéma du monde avec Cannes, Berlin, Venise et Toronto. La 26e édition s’y est déroulée du 6 au 15 octobre 2021.

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LA CORÉE, LE BIFF ET LA COVID :

 

Comme beaucoup de festivals et tout particulièrement en Asie, le BIFF a dû déployer beaucoup d’énergie pour permettre aux non-Coréens de participer au festival. Dans ce pays où habituellement les Français n’ont pas besoin de visa, il a fallu obtenir l’K-ETA et surtout éviter la quarantaine à l’arrivée. En plus d’être vaccinés avec le bon vaccin, un test a été nécessaire avant notre départ, à l’arrivée avec confinement jusqu’à son résultat et six jours plus tard.

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Les vols pour la Corée étaient peu nombreux.

Les professionnels présents étaient vraiment motivés pour passer à travers ces contraintes souvent stressantes et malheureusement ils étaient peu nombreux. Tous les cinéastes vaccinés avec les vaccins russes ou chinois n’ont pu venir en Corée.

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Sur place, des contrôles de la température sont faits à chaque entrée dans un lieu public, l’obligation de remplir une fiche indiquant le jour, l’heure, le nom et prénom, le numéro de mobile, pour le cas où l’on ne devienne personne contact. Le port du masque est obligatoire partout, y compris dans la rue. Il faut en plus de son billet scanner son badge à chaque passage dans un cinéma ou autre lieu du festival pour signaler sa présence, indiquer la place numérotée de son siège. Au bout de quelques jours, c’est assez éprouvant.

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Après chaque séance, les salles de cinéma sont désinfectées par du personnel habillé tout en blanc à la façon des cosmonautes… on peut se dire qu’on n’a pas pris pas beaucoup de risques en venant en Corée !

Evidemment il n’y a pas eu de soirées, ces moments si importants dans un festival pour faciliter les rencontres entre professionnels du cinéma.

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Seulement cinq Happy hours en plein air sur le toit de l’immeuble des bureaux du Festival ont été organisés de 11 h à 14h.

Les restaurants sont fermés après 22h et on ne peut pas être plus de quatre autour d’une table.

Toutes ces contraintes ont visiblement découragé bien des professionnels. Seuls les inconditionnels du BIFF ont fait le voyage.

Le marché du film s’est réduit comme peau de chagrin. Seul l’Asian Project Market s’est tenu en présentiel dans les salons du ParadiseHotel.

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UNE PROGRAMMATION DE HAUTE TENUE :

 

Heureusement la sélection de la programmation est toujours d’une qualité exceptionnelle.

La cérémonie d’ouverture est réduite, cette année, au tapis rouge, à la remise du Korean Cinema Award au producteur coréen décédé Lee Choon-yun et du Best Asian Filmmaker of the Year décerné à l’immense Im Kwon-taek par Bong Joon-ho, palme d’or Cannes 2019 et Im Sang-soo, cyclo d’or d’honneur Vesoul 2016.

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Le film d’ouverture est Heaven : to the Land of Happiness le dernier opus d’Im Sang-soo, labellisé Cannes 2020, avec deux monstres sacrés Choi Min-sik (Old Boy) et Park Hae-il (The Host), thriller savoureux à l’humour décapant.

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Les jours suivants s’enchaînent les séances de cinéma, moins que les années précédentes toutefois, moins tard le soir et pas certains matins. Mais le public a retrouvé le chemin des salles, un public jeune. La jauge des salles est réduite de moitié. Un siège sur deux est occupé. Les organisateurs du BIFF ont eu la bonne idée de placer une affiche d’un des films de la sélection sur les sièges vacants.

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Les 192 films de la sélection se répartissent entre les sections suivantes : Gala presentation, Icons, A Windows on asian cinema / Kim Jiseoknominees, A window on asian cinema, New currents, Korean cinematoday – Panorama, Korean cinema today – Vision, World cinema, Flash Forward, Wide angle – Korean short film competition, Wide angle – asian short film competition, Wide angle – Documentary competition, Wide angle – Documentary showcase, Open cinema, Special program in focus 1 : wonder Women’s movies : The Best Asian Films by femaledirectors, Special program in focus 2 : New voices, Chinese films, On screen.

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Parmi les films les plus intéressants notons : Wheel of fortune and fantasy de Hamaguchi Ryusuke, Funny boy de Deepa Mehta, One second de Zhang Yimou, Yanagawa de Zhang Lu, Gensan Punch de Brillante Mendoza, No Land’s Man de Mostafa Sarwar Farooki, The Rapist d’Aparna Sen, Riverside Mukolitta d’Ogigami Naoko, The Fallsde Chung Mong-hong, White Building de Neang Kavich, Yuni de Kamila Andini, Photocopier de Wregas Bhanuteja, Red Pomegranatede Sharipa Urazbayeva, Doom Doom de Jung Wonhee, Through MyMidwinter de Oh Seongho, The Apartment With Two Women de Kim Se-in et Farewell, My Hometown de Wang Er Zhuo.

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Ce sont ces deux derniers films qui ont remporté ex-aequo le prix New Currents remis lors de la cérémonie de clôture par Cristina Nord, directrice du Forum de la Berlinale, membre du jury, en l’absence de la présidente Deepa Mehta. Cette dernière a fait parvenir un message filmé, comme beaucoup d’autres réalisateurs empêchés. Un petit regret : tous ces messages de cinéastes absents ne sont pas systématiquement sous-titrés en anglais, seulement en coréen.

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Si quelques débats questions/réponses ont été organisés après certaines séances, ils l’ont été avant tout avec les réalisateurs coréens, les autres étant absents en grand nombre. Là aussi les débats n’ont pas toujours été traduits en anglais.

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Parmi les intervenants attendus au 26e BIFF, le coréen Bong Joon-ho a donné une leçon de cinéma dans le cadre d’une Master Class, tout comme le japonais Hamaguchi Ryusuke, présentant, en outre, ses deux derniers films, Wheel of Fortune and Fantasy et Drive my car.

Les tracasseries administratives ont retardé l’arrivée de Leos Carax, venu à Busan présenter Annette. Celui-ci n’a pu être présent que le lendemain de la date prévue pour sa Master Class. Heureusement elle a pu être reprogrammée pour le plus grand bonheur des cinéphiles et s’est tenue à guichet fermé. Bien des Coréens rencontrés disent que la France est le pays du cinéma.

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Si ce 26e BIFF n’a vraiment rien à voir avec les vingt-quatre précédentes éditions, elle a, au moins, eu le mérite d’exister en présentiel.

Une question essentielle se pose en ces temps de la covid-19 : qu’est-ce qu’un festival de cinéma ? Est-ce un simple enchaînement de séances de cinéma sans âme ? Ou est-ce la possibilité de faire se rencontrer producteurs, acteurs, critiques, distributeurs, programmateurs, directeurs de festivals, monteurs, … et naturellement les réalisateurs dont on projette les films, soit en compétition, soit en hommage, soit dans le cadre d’une thématique… ?

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Cette dernière question pose le problème fondamental de l’âme d’un festival, tant il est vrai que le cinéma a besoin d’une incarnation.

L’âme d’un festival a besoin de réel pour créer l’instant fugace de la communion et du partage des émotions communes entre professionnels du cinéma et festivaliers. Là réside le secret de la magie festive qui ne peut exister « on line ».

 

(Texte écrit le 17 octobre 2021 par Jean-Marc Thérouanne)

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