Good Kill
Good Kill

Good Kill

Réalisateur
Andrew Niccol
Acteurs
Bruce Greenwood, Ethan Hawke, et Zoë Kravitz
Pays
USA
Genre
Thriller
Durée
102 min
Titre Original
Notre score
7

Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.

Avis de Manu

Andrew Niccol semblait s’être perdu récemment dans certains méandres de la production hollywoodienne. L’auteur de Gattaca et Lord of war avait dirigé un très mauvais blockbuster, Les âmes vagabondes, juste après le très moyen Time Out, au pitch incroyablement prenant mais qui finissait sa route dans un ersatz de film d’action/course-poursuite après un premier tiers qui tutoyait le quasi sans faute.

En somme, une réalisation ces dernières années qui prenait des accents descendants. Frustrant venant de l’auteur d’un des meilleurs films d’anticipation des années 90 (et même plus). C’est donc toujours accompagné d’Ethan Hawke, très à son aise ici, qu’Andrew Niccol tente de reprendre les rennes de sa carrière, avec au minimum, un engagement et une sincérité artistique quasi retrouvés.

Sur un sujet d’actualité, au plus proche des thèmes abordés par le passé, le film titille l’accent de la  polémique comme celui de la réflexion globale d’un monde qui a perdu ses/du sens; encore aux bords des conflits mondiaux, surtout américains.

C’est pourtant dans sa mise en scène qu’une certaine déconvenue est plus présente; certes réduite par son sujet (filmer des pilotes de drones). Mais il manque ce petit quelque chose, cette touche d’auteur qui faisait de ses premiers films des longs métrages d’une ampleur toute autre. Difficile de choisir entre la rectitude imposée par un financement réduit (au prix de la liberté de ton), on le sent clairement, et l’âpreté de l’ensemble qui s’impose au travers des décors et surtout la répétition des retours vidéo des drones, pour l’exemple.

Emerge quand même de nombreuses séquences dignes des succès du réalisateur. Celles de certaines phases de guerre (la surveillance nocturne des troupes) comme la façon dont il filme le quartier où vit le personnage principal et sa famille. Séquences intéressantes dans leur découpage ainsi que dans les nombreux cadrages et mouvements d’une limpidité et d’une scénographie qui prend sens.

goodkillphoto1

Si on ne retrouve pas pleinement la maîtrise à laquelle Andrew Niccol nous avait habitué en début de carrière, on tutoie beaucoup plus les fonds dans lesquels il s’épanouissait. Intelligence et réflexion poussées, et plutôt bien vu, sur ses tueurs de l’ombre, métaphore d’une Amérique qui en plus de ne résorber les blessures post-traumatiques des conflits en Orient, est aveugle devant la barbarie et la démagogie à laquelle elle adhère, imposée par « les hommes en noir ». Mais même si l’effet est réussi, ici aussi certains passages semblent étirés dans trop de manichéisme, voire de facilité. La fin du film vient hélas soutenir cette impression quand, dans un dernier acte, le réalisateur tente de convaincre les deux parties.

Dommage. Malgré certains défauts Good Kill garde une belle stature de film intelligent et réflectif, où la grammaire d’Andrew Niccol semble être retrouvée. On regrettera simplement la non constance d’un travail subtil, minutieux et engagé tout au long du film et ce autant sur le fond que sur la forme. A la mesure d’un cinéma encore et toujours mercantile et cloné, un tel engagement, même maladroit, doit tout de même être salué.

Good Kill
Good Kill
7
Plugin WordPress Cookie par Real Cookie Banner