L’éditeur Playlist Society dont nous avons déjà parlé pour la parution des très recommandables La Transgression selon David Cronenberg ou bien encore Lilly et Lana Wachowski, la grande émancipation vient de sortir un nouvel essai qui fera à coup sûr le bonheur des cinéphiles : Steven Soderbergh, anatomie des fluides, signé par Pauline Guedj, anthropologue et journaliste, maître de conférences à l’université Lumière Lyon 2 et collaboratrice à l’hebdomadaire Politis.
Le réalisateur américain touche-à-tout génial, parfois présent à tous les postes (chef op, cadreur, monteur, producteur, scénariste) et qui se définit lui-même comme un caméléon est récipiendaire d’une Palme d’or à 26 ans, Sexe, mensonges et vidéo puis va construire une carrière passionnante, entre films hollywoodiens à Oscars (Traffic, Erin Brockovich), divertissements old school (la série des Ocean’s eleven, Hors d’atteinte) et longs-métrages expérimentaux (Schizopolis, Bubble), cinéma et série TV (The Knick dont il a réalisé tous les épisodes des deux saisons).
L’autrice décrit la méthode de travail de Soderbergh qui consiste à s’adapter, en terme de mise en scène, de technologie, d’économie à chaque nouveau projet : « pour Soderbergh qu’importe le support, vidéo ou pellicule, salles obscures ou télévision. L’urgence est de créer des oeuvres déterminées par une vision artistique unifiée ». La notion de fluidité, de la méthodologie, de la trajectoire de Soderbergh, est au coeur cet essai découpé en trois parties où sont traités la narration déstructurée au service des personnages, les corps en mouvement et la circulation des flux (humains, drogues, argent).
Steven Soderbergh, anatomie des fluides est un nouveau passionnant essai cinéma proposé par Playlist Society, sa lecture donne envie (re)découvrir la filmographie de ce grand défenseur d’un cinéma porté par une vision artistique ambitieuse, engagée où forme et récit sont toujours travaillés avec une application et une inventivité remarquables.
