Test Jeu: Beyond Two Souls (PS3)
Test Jeu: Beyond Two Souls (PS3)

Test Jeu: Beyond Two Souls (PS3)

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Durée
Titre Original
Notre score
6

S’ il y a bien deux studios auxquels on pense en termes d’exclusivités PS3, ce sont bien Naughty Dog et Quantic Dream. Alors que les premiers nous ont mis sur le cul en juin dernier avec The Last of Us (test ici), c’est au tour de Quantic Dream de truster l’actualité avec leur dernier-né, mettant en scène les acteurs Ellen Page et Willem Dafoe, j’ai nommé Beyond Two Souls.

Verdict ?


L’avis de NicoH

A bien des égards, les jeux des français de Quantic Dream sont des œuvres délicates à évaluer. Si les jeux vidéo se sont depuis longtemps réappropriés les codes du cinéma, rares sont les studios à avoir poussé la chose aussi loin, voire presque à en avoir fait leur marque de fabrique. En son temps, Heavy Rain avait d’ailleurs marqué les esprits par ses aspects de « film interactif » où un scénario à la Seven côtoyait un gameplay misant énormément sur les QTE , le tout emballé à grand renforts de cinématiques, de motion capture et de doubleurs de renoms (notamment les VF officielles de Robert Downey Jr, Matt Damon, Denzel Washington, Al Pacino…). Bref, autant d’éléments qui témoignaient d’un intérêt profond pour le cinéma de la part du concepteur (on pourrait dire « réalisateur ») et fondateur de Quantic Dream : David de Gruttola, alias David Cage. Un personnage ici adulé, là décrié, mais qui, dans tous les cas, ne laisse pas indifférent. Et autant vous le dire, les choses ne risquent pas de changer avec Beyond Two Souls.

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Ainsi, n’espérez pas une franche rupture en termes de gameplay, Beyond conservant la recette de son ainé Heavy Rain. Une recette mêlant quelques contrôles plutôt classiques (déplacement du personnage de Jodie) à de nombreuses phases de QTE  lors du jeu ou des cinématiques. A cela, il faut ajouter la présence d’Aiden, l’entité invisible suivant Jodie comme son ombre et que le joueur devra régulièrement incarner. Bénéficiant d’un gameplay particulier, Aiden peut ainsi traverser les murs et interagir avec certains éléments, des plus simples objets jusqu’à des personnages qu’il sera possible d’éliminer ou de manipuler discrètement. Néanmoins, si vous attendiez une énorme liberté, vous serez déçu tant les choix sont, comme les décors, sévèrement balisés.

La notion de choix se veut d’ailleurs au centre du titre puisque quelles que soient vos décisions, volontaires ou non, le jeu n’offrira aucun Game Over, ni aucun moyen de revenir en arrière. Vous devrez donc assumer vos actes et vos échecs (toutes proportions gardées) jusqu’au bout de l’aventure.

Enfin, aventure, c’est un grand mot, et c’est peut-être là que réside la plus grande déception du titre…

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En effet, film interactif ou non, avec une telle médiatisation de ses ambitions et de son casting (Ellen Page et Willem Dafoe en performance capture, quoi !), on était en droit d’attendre de Beyond une histoire à la hauteur de ses deux têtes d’affiche dont le talent n’est plus à prouver. Que nenni. Malgré un pitch sympathique, un réel dépaysement et quelques bonnes idées (l’identité d’Aiden, la partie « Sans Abri », la relation avec Cole…), scénario et mise en scène multiplient les poncifs et les incohérences scénaristiques d’une manière assez étonnante pour une production de cette ampleur (la séquence « Anniversaire » est un summum du genre). On en viendrait presque à se demander si l’on ne nous prend pas franchement pour des nouilles tant certains dialogues ou situations font parfois peine à voir, tout juste dignes d’une série B ou d’un soap-opéra. Sans compter l’impact sur l’empathie du joueur/spectateur pour les héros pourtant très bien campés. Dans un jeu misant ouvertement sur l’émotionnel, c’en serait presque un comble. Le constat est d’autant plus décevant quand on compare Beyond à ce que The Last of Us nous a offert en matière de scénario, de mise en scène et surtout d’émotion il y a à peine quatre mois.

A cette première déception, il faudra rajouter celle d’une progression beaucoup plus fermée qu’il n’y parait (encore plus qu’Heavy Rain) et où on ne ressent que très peu l’impact de nos décisions. Pour preuve, si vous décidez sciemment de perdre un combat ou une épreuve, votre adversaire sera quand même éliminé d’une façon ou d’une autre, ou vous devrez recommencer l’épreuve autant que nécessaire, selon la progression définie par le réalisateur. Ne vous attendez donc pas à prendre pleinement en main le destin de Jodie, les différences scénaristiques se révèleront finalement assez minimes d’une partie à l’autre (à l’exception d’un ou deux choix finaux qui ne feront que décider de la cinématique finale).

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Néanmoins, n’allez pas croire que Beyond est un mauvais jeu. Techniquement parlant déjà, grâce à la maîtrise technique et graphique de Quantic Dream, le titre se révèle une franche réussite pour les mirettes tant au niveau des décors que des personnages (même si l’on n’atteindra pas les sommets d’Uncharted 3 ou The Last of Us). De même, le travail sur le son et la musique est d’excellente facture (merci Lorne Balfe et Hanz Zimmer). Mais surtout, et malgré les défauts précités, le jeu pourra parfaitement trouver son public pour une raison simple : dans un milieu où tous les jeux commencent à se ressembler, Quantic Dream reste l’un des seuls studios à proposer quelque chose de différent, qui n’appartient qu’à lui et qui, en soit, ne manque pas d’originalité. C’est ce qui fait de leurs titres, Beyond inclus, des œuvres à part, dont on ne peut juger de l’intérêt autrement qu’en prenant soi-même la manette en main…

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Œuvre trop particulière pour être jaugée et jugée autrement qu’en y jouant, Beyond Two Souls ne manque pas de qualités techniques et d’originalité. Mais au vu de ses ambitions artistiques, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine déception. Une déception due autant au scénario qu’à la mise en scène (tous les deux emplis de stéréotypes et d’incohérences) qu’à un gameplay prometteur, mais finalement assez limité malgré quelques passages sympathiques. De même, difficile de passer sous silence cette sensation que malgré les nombreux choix effectués au fil du jeu, on ait constamment la sensation de n’être que spectateur, sans aucune réelle influence sur le déroulement de l’histoire (à l’exception d’un choix final en demi-teinte). Dans un jeu prônant l’importance des décisions du joueur, c’est peut-être ça le plus grand défaut…
Quant à savoir si ces éléments sont suffisant pour passer à côté de ce qui reste avant tout une expérience, c’est une histoire dont vous seul connaissez la fin…

PS: VOST fortement conseillée !

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