Les Poings contre les murs
Les Poings contre les murs

Les Poings contre les murs

Réalisateur
David Mackenzie
Acteurs
Ben Mendelsohn, Jack O'Connell, et Rupert Friend
Pays
Angleterre
Genre
Drame
Durée
105 min
Titre Original
Starred up
Notre score
8

Eric est un jeune délinquant violent prématurément jeté dans le monde sinistre d’une prison pour adultes. Alors qu’il lutte pour s’affirmer face aux surveillants et aux autres détenus, il doit également se mesurer à son propre père, Nev, un homme qui a passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux. Eric, avec d’autres prisonniers, apprend à vaincre sa rage et découvre de nouvelles règles de survie, mais certaines forces sont à l’œuvre et menacent de le détruire..

 

Avis de Manuel Yvernault :

David McKenzie s’est illustré par des longs-métrages dramatiques plus ou moins connus (hélas) dont on pourrait retenir principalement Hallam Foe et Perfect Sense.
En s’attaquant cette fois au milieu carcéral le réalisateur passe vraiment un cap.

Premièrement de par son sujet et l’univers qu’il tente de dépeindre, mais également par l’évolution de la grammaire cinématographique qu’il tend à employer.
La prison au cinéma est un genre en soi, souvent décliné sous plusieurs thèmes (évasion, peine de mort…). Ici, le réalisateur se focalise sur un regard social / humain du milieu carcéral.
Dès les premières minutes on sent la patte d’un auteur en pleine réussite. La présence invisible de la caméra, par la subtilité de choix des cadres et de mouvements, donne le libre champ à une interprétation qui ne cessera de nous surprendre. Car même si la mise en scène est un élément important du film, l’interprétation et la direction d’acteurs de Starred Up (titre original) sont les éléments principaux et indissociables de la puissance du film.

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Tout d’abord, Jack O’Connell qui électrise, magnétise, chaque plan de sa présence. Une subtilité de jeu qu’on voit trop rarement chez les jeunes comédiens de sa génération (22 ans au cours du tournage). Il s’emploie à parcourir des montagnes russes de sentiments aussi divers que variés et donne ainsi à son personnage l’ampleur nécessaire pour en faire la force majeure du film, toujours dans une subtilité de réalisme.
Dans ce cadre, il ne faudrait pas oublier le trop rare et sous-estimé Ben Mendelsohn (Killing Them Softly, The Place Beyond The Pines) qui dans le rôle d’un paternel en pleine rédemption éducative livre une performance de haute tenue.

Mais la magie réaliste et presque documentée qui ressort du film ne pourrait fonctionner sans l’alchimie équilibrée d’une mise en scène intelligente et le jeu de comédiens aussi élevés.
David McKenzie réussit à tenir jusqu’au bout cet accord presque parfait puisque certaines séquences, avec subtilités, se répondront tout au long du film, avec un épilogue plein de métaphore qui fait écho au prologue d’un film extrêmement viscéral.

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Le réalisateur explore avec intelligence ce monde où la violence est maître, les règles écrites et les codes sont légion pour survivre. A ce titre il évite la plupart du temps un effet de déjà-vu sur ces différents points et rend une copie presque documentée de l’univers carcéral. Des petites techniques, aux instants de débrouille afin de se faire une place et respecter, tout dans ce monde semble avoir été vécu.
Il nous bouscule, se permet même quelques uppercuts bien placés, sans jamais tomber dans l’exagération de la violence ou de la mièvrerie dramatique. Difficile pourtant d’éviter l’ensemble de ces pièges dans un huis-clos géant où la promiscuité des lieux pourrait réduire le film à un seul angle d’attaque. David McKenzie apporte dans un même élan plusieurs enjeux dramatiques, filiation, critique du milieu carcéral et d’une réhabilitation possible, violence de ce milieu. Tout est balayé dans un équilibre judicieux et bien pensé. Bien sûr le scénario n’est pas en reste sur tous ces points mais le metteur en scène et les comédiens ont su donner vie à cet ensemble aussi percutant, touchant et réflectif.

Les poings contre les murs est une belle surprise, étonnante qui, si elle ne renouvelle pas le genre, ne cherche pas à le copier mais à le rendre plus réaliste. Dans une certaine mesure le film y arrive, puisque en terme de comparaison Dog Pound serait presque un conte pour enfant devant le radicalisme et la probable vérité qui défile devant nos yeux. Toujours intelligent, radical et presque oedipien, Les poings les murs est le film de prison qu’on ne s’attendait plus à voir et laisse KO bien longtemps après la projection. Belle surprise, totalement efficace et touchante.

Les Poings contre les murs
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