12 years a slave
12 years a slave

12 years a slave

Réalisateur
Steve McQueen
Acteurs
Benedict Cumberbatch, Brad Pitt, Chiwetel Ejiofor, Lupita Nyong'o, Michael Fassbender, Paul Dano, Paul Giamatti, et Sarah Paulson
Pays
USA
Genre
Drame et Historique
Durée
133 min
Titre Original
Notre score
9

New York, 1841. Solomon Northup, un jeune afro-américain, est kidnappé et réduit à travailler comme esclave dans des champs de coton en Louisiane. Son calvaire durera près de 12 ans.

L’avis de Manu Yvernault :

Steve McQueen tend à scanner l’homme, pose un regard sur ses combats intérieurs. La force morale au dépend d’une souffrance souvent physique. Si Shame se voulait plus introspectif, Hunger était déjà la fiction d’un fait historique. Parmi la « jeune génération » de cinéastes, McQueen adopte une vraie grammaire cinématographique marquée, tranchante, osée et résolument moderne dans son traitement, bien qu’articulée de manière classique.

12 Years a Slave se rapproche clairement d’Hunger, premièrement par son fond historique mais également par le regard porté sur la souffrance humaine.

Tiré de faits historiques, le film emprunte la voie d’un drame intense; en effet l’histoire de Solomon Northup, homme libre, revendu malgré lui comme esclave, représente un fait méconnu de la traite des noirs durant l’esclavage. Parcours de 12 années en enfer, enfer carcéral, comme si celui formel d’Hunger répondait à l’emprisonnement (mental) de Solomon Northup.

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Parmi les films ayants traités de l’esclavage, pan majeur de l’histoire, la radicalité de ton et de mise en scène de Steve McQueen s’inscrivent dans un réalisme qui pousse encore et toujours à l’indignation.

Le réalisateur semble vouloir délivrer un électrochoc au spectateur. Il met en scène son film avec plus d’académisme que dans ses deux films précédents mais n’oublie pas de travailler le hors-champ, tout comme le bord cadre, toujours utilisés à bon escient. En résulte un film viscéral, brutal et loin d’être contemplatif. Il convoque la mémoire collective de chacun pour la regarder droit dans les yeux et la confronter à un réalisme dérangeant, un examen de conscience de ce que l’esclavage était vraiment.

Uniquement contrebalancée par la beauté de plans en pleine nature, la souffrance de ces hommes et femmes est constamment mise en avant, avec vérité, sans misérabilisme. De l’horreur quotidienne que subissaient ces esclaves, McQueen en saisit les instants cruciaux du rapport maître-esclave. Pourtant, tant dans sa forme extrême que dans son fond clairement dénonciateur, rien ne laisse place à un jugement écrit, ici tout est démontré, suggéré. Hélas, les faits résonnent comme un constat, une Amérique (comme tant d’autres pays colonisateurs) qui doit se regarder en face et accepter son passé de tortionnaire. Un regard juste qui a le mérite de déranger et d’éveiller enfin les consciences sur ce qu’était vraiment l’esclavage, sans le banaliser cette fois par facilité de conquêtes cinématographiques sirupeuses.

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Toute la sauvagerie et l’ignominie des actes sont montrées dans leurs moindres détails. Respectant avec soin et profondeur la psychologie de tous les protagonistes de l’histoire, des deux côtés de la «barrière», le scénario de John Ridley convoque la conscience du spectateur autant par la structure de son récit que dans ses dialogues.

Si 12 Years a Slave est encore une réussite de mise en scène sous le regard de Steve McQueen l’autre pierre angulaire du film est sans conteste Chiwetel Ejiofor. D’une carrière cinématographique discrète mais bien menée jusque là, le comédien trouve probablement dans le personnage de Solomon Northup le rôle d’une vie. Avec la plus grande force et justesse, il réussit une performance étonnante et captivante. Autant dans la maîtrise de silences, la profondeur de son regard que par l’impartialité de son jeu.

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Steve McQueen met en scène ce qui avait été rarement fait jusqu’ici. Un examen de conscience d’un passé en souffrance d’une Amérique honteuse, 12 Years a Slave s’avère le film le plus juste et le plus dénonciateur d’une page importante de l’Histoire. Loin des arcs dramatiques conventionnels qu’Hollywood livre habituellement, le film est une décharge émotive qui prend le spectateur aux tripes, le mettant à mal parfois sur ces origines. En mettant à nouveau à jour la laideur humaine, Steve McQueen réalise un film courageux et surtout nécessaire. Son savoir faire prouve une fois de plus que la radicalité, la vérité même la plus dure, peut créer les plus beaux films.

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