Une immersion dans l’enfance rurale taïwanaise


Le film taïwanais Un été chez grand-père , réalisé par Hou Hsiao-hsien, fait son retour dans les salles de cinéma. Cette œuvre, qui met en scène les jeunes acteurs Wang Qiguang et Lin Yang dans les rôles principaux, aux côtés de Guo Fei, est présentée pour la première fois en version restaurée 2K, après une absence de plus de trente ans des écrans. Le public découvre ou redécouvre cette chronique de l’enfance taïwanaise, saluée pour sa poésie et sa profondeur.
L’intrigue du film transporte les spectateurs dans la campagne taïwanaise, où le jeune Tung-tung, interprété par Wang Qiguang, et sa petite sœur Ting-ting, jouée par Lin Yang, passent leurs grandes vacances. Après avoir terminé l’école primaire, les enfants quittent la capitale Taipei pour rejoindre leurs grands-parents. Avant leur départ, ils rendent visite à leur mère à l’hôpital, qui doit subir une opération. Ce séjour estival marque une période de découverte pour les deux enfants. Tung-tung se lie rapidement d’amitié avec les jeunes du village, explorant les environs et s’adonnant aux jeux de son âge. Parallèlement, Ting-ting observe les dynamiques complexes des relations adultes, orchestrées autour de la figure du grand-père, incarné par Guo Fei. Le film dépeint un quotidien simple, rythmé par la nature et les interactions enfantines, tout en laissant transparaître les subtilités et les non-dits du monde des adultes.
Le tournant artistique de Hou Hsiao-hsien

Tourné en 1983, Un été chez grand-père représente une étape significative dans la carrière de Hou Hsiao-hsien. Ce film confirme l’orientation du réalisateur vers un cinéma d’auteur plus personnel et poétique, une évolution amorcée avec le film à sketches L’Homme-sandwich (1983) et le long-métrage Les Garçons de Fengkuei (1980). Après des débuts marqués par des productions à visée plus commerciale, Hou Hsiao-hsien choisit d’explorer des thèmes intimes et des récits ancrés dans la réalité taïwanaise. Le scénario, coécrit avec Chiu Tien-wen, puise son inspiration dans les souvenirs d’enfance du réalisateur et de sa collaboratrice, conférant au récit une authenticité palpable.
Le film adopte le point de vue des deux jeunes protagonistes, permettant une exploration sensorielle du quotidien. La mise en scène privilégie les sensations et les ambiances, rendant compte de la douceur apparente de ces vacances estivales. Cependant, cette chronique révèle également une part d’ombre, issue du monde adulte, abordant des thèmes comme la peur de la différence, la maladie et la violence. Au cours de cet été, le frère et la sœur expérimentent les complications et les sentiments contradictoires de la vie adulte, en ressortant transformés.
Une œuvre restaurée et son héritage
La présentation d’ Un été chez grand-père en version restaurée 2K permet de redécouvrir la splendeur visuelle de cette œuvre. Cette restauration offre une nouvelle opportunité d’apprécier la photographie et la direction artistique du film, qui ont marqué leur époque. Un été chez grand-père a exercé une influence notable sur le cinéma international, inspirant des réalisateurs de renom. Cette reconnaissance souligne la portée universelle du récit d’apprentissage proposé par Hou Hsiao-hsien, qui explore avec délicatesse les thèmes de la croissance, de la famille et de la confrontation avec les réalités du monde. Le retour de ce film en salles constitue un événement pour les cinéphiles et une occasion de se plonger dans un pan essentiel du cinéma taïwanais.
Le retour d’ Un été chez grand-père au cinéma offre une occasion précieuse de se connecter à une œuvre intemporelle, riche en émotions et en observations fines sur l’enfance et le passage à l’âge adulte.


