Baby Driver
Baby Driver

Baby Driver

Réalisateur
Edgar Wright
Acteurs
Ansel Elgort, Kevin Spacey, et Lily James
Pays
Angleterre et USA
Genre
Action, Policier, et Thriller
Durée
113 min
Titre Original
Notre score
9

Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby a un truc pour être le meilleur dans sa partie : il roule au rythme de sa propre playlist. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, Baby cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu.

L’avis de Fabien

Projet vieux de 20 ans, le Baby Driver du réalisateur de la trilogie Cornetto est un hybride d’actioner et de comédie musicale, un film de braquage/poursuite automobile dirigé par la musique, flot de différents genres écoutés par Baby, petit génie de la conduite pour la pègre d’Atlanta contraint d’avoir constamment des écouteurs sur les oreilles afin d’oublier de terribles acouphènes.

Le driver imaginé par Edgard Wright n’est peut-être pas un grand causeur mais loin du personnage mutique et taciturne du classique de NWR inspiré par Driver de Walter Hill, Baby montre des dispositions, outre la conduite, pour la danse (petit hommage à la comédie musicale) et le parkour (la dernière et démente séquence d’action). Baby driver est le récit classique du gars qui veut se ranger des voitures après un dernier coup pour une vie meilleure avec sa petite amie mais est rattrapé par son passé, son ex-employeur le Doc, joué avec délectation par Kevin Spacey. Mais ce canevas scénaristique archi-rebattu est transcendé par la patte Edgard Wright : des giclées d’humour absurde (le neveu de 8 ans du Doc envoyé en reconnaissance dans une banque avec le driver), des dialogues savoureux où on cite Monstres et cie dans une situation de conflit et autres références à la culture geek, des séquences d’action survitaminée (5 blocs d’action réaliste très bien exécutée) et surtout une utilisation géniale de la musique diégétique.

Baby Driver

L’excellente bande-son proposée par le film est en effet celle qui rythme la vie de Baby, selon son humeur celui change d’I-Pad, de musiques, de tempos; la musique est ainsi une extension de sa psyché, révèle les émotions du héros que le spectateur accompagne dans les situations musclées comme romantiques. La musique est toujours présente, avant d’être diffusée elle est au centre des échanges : « Trouve-nous du bon son. Au cas où il faudrait tout péter » lance le personnage de petite frappe de Jamie Fox au driver joué par Ansel Elgort. Exemple de ce génial high concept : lors d’une furieuse scène de fusillade les bruits des détonations sont synchro avec les percussions de Tequila, morceau écouté par Baby.

De plus les charismatiques acteurs venus d’horizons différents sont employés, outre leur talent à créer un personnage au-delà des archétypes, aussi pour l’image qu’ils trimballent depuis un ou plusieurs rôles au cinéma ou dans l’univers de la série TV: Ansel Elgort (le jeune premier de Nos étoiles contraires se révèle badass), Jamie Fox (dans un rôle de malfrat cousin de celui de Comment tuer son boss), Kevin Spacey (un grand rôle de bad guy as usual), Jon Hamm (une certaine idée de la virilité depuis Mad Men) se complètent idéalement.

Se tisse ainsi de manière underground un réseau de correspondances avec d’autres films, de références ciné plus ou moins cryptées que le spectateur s’amusera à relever. Avec son hybridation de genres (film de braquage, film de poursuite automobile, comédie musicale, comédie romantique), mixés avec générosité et virtuosité par un fou de cinéma, Baby driver évoque un pan du cinéma américain de ces 40 dernières années : on pense forcément à Heat, Reservoir dogs ou bien au Driver de Walter Hill. Mais si les comédies postmodernes qui constituent la trilogie Cornetto commentaient le genre étudié (les films de zombies, le buddy movie et les films d’apocalypse dans respectivement Shaun of the dead, Hot fuzz et Le dernier pub avant la fin du monde), Baby driver avance pied au plancher (sans exercice auto-réflexif), trace sa route et invente sa propre légende, celle d’un actioner musical, dingue, fun, original qui ne ressemble à aucun autre.

Baby driver offre un mélange détonnant de film de casse et de teen movie (entre autres), avec un humour à froid, une énergie folle, une fougue et une originalité par l’utilisation de la musique, irrésistibles.

Hautement jubilatoire et suprêmement cool, le meilleur film d’Edgard Wright et le film de votre été.

 

Avis de Manu :

Après avoir été éjecté du projet « Ant-Man » pour les éternelles « divergences artistiques », Edgar Wright s’est attelé à un projet beaucoup plus personnel. Personnel et original pour le coup.

Ce « Baby Driver » au-delà des références assumées qu’il déploie, clairement « The Driver » de Walter Hill pour l’exemple, se déguste comme un pur produit pop, objet original, donc forcément un peu contesté, et rarement vu dans le cinéma. Pas vraiment une comédie musicale, tous les codes du genre ne sont pas respectés, ni vraiment un film « ordinaire », « Baby Driver » est habillé quasiment continuellement de musique et titres tous plus fiévreux et énergiques les uns que les autres. Premier film US pour Wright donc, et dès sa première intrusion il explose les codes du cinéma pour proposer une expérience cinématographique peu commune. Surfant sur la mode du zapping acoustique et donc des play lists (ici sur I Pod, évidemment) Wright tente de renouveler le film de braquage en bravant les frontières d’un genre que seuls les « anciens » semblaient encore maîtriser alors que les plus jeunes réalisateurs ne font que s’en inspirer ou copier. Et s’est en le détournant de son genre qu’il trouve sa voie. Plutôt que de s’en moquer comme il a pu le faire avec l’aspect parodique de chacun de ses films anglais, il préfère jouer avec le genre et le rendre pop, presque tarantinesque (comparaison évidemment due à la B.O. prédominante et originale, titres presque inconnus du grand public).

Il a su préserver l’aspect « chevalier solitaire » si loin si proche de sa belle et as du volant. A ce titre les poursuites en voitures, sont assez spectaculaires, dans la gestion des espaces et du jeu qu’Edgar Wright en fait. Nous sommes entre l’impossible et le surdoué, ce qui offre ainsi une nouvelle utilisation du bolide qui fonce en zone urbaine. Au milieu de tout ça, une histoire assez classique de braquage coordonnée par un seul homme, comme souvent, avec quelques retournements assez surprenants. Un peu de violence graphique assez dure ici et là et la recette prend dans ce film totalement décomplexé. « Baby Driver » dans son esprit pop et rock est une étonnante proposition dans un cinéma qui ne sait que trop rarement être original et prendre des risques dans une industrie de plus en plus « franchisée ». Et pour ça on ne peut que saluer l’initiative, et qui plus est, est totalement convaincante dans le genre. Un des films sympathiques de l’été.

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