Spring breakers
Spring breakers

Spring breakers

Réalisateur
Harmony Korine
Acteurs
Ashley Benson, James Franco, Rachel Korine, Selena Gomez, et Vanessa Hudgens
Pays
USA
Genre
Drame
Durée
Titre Original
Spring breakers
Notre score
8

Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…

L’avis de Manuel Yvernault :

Dès l’annonce du projet le sourire naissait sur certains visages. Le réalisateur et scénariste de Gummo, Julien Donkey-Boy, allait prendre en mains les  petites fleurs angéliques de l’entertainment US. En gros « l’indé méchant loup » cueille les petites fleurs de Disney et High School Musical… Pour un public averti (Gummo en projection dominicale pour se préparer) la surprise aurait été moins violente. Pour une audience venue voir uniquement ces jeunes people, la tête de bois du lendemain de cuite est au rendez-vous.

Harmony Korine livre un conte à l’orée du bois de la pop culture des années 2000. Entre premier et second degré, le réalisateur met en scène ce rite estival d’une génération post lycée. Hyper stylisé, auréolé d’un montage très cut, le réalisateur ne se prend jamais au sérieux et pose un regard critique et réinvente le teen movie. On ne demandait pas mieux et sommes rassurés à la vue des précédents films du réalisateur. Constamment entre fantaisie visuelle acidulée et regard poétique sur ses personnages, presque attendri par leur candeur physique. Chasteté purement superficielle puisque lors de nombreuses séquences clippées le réalisateur pose son regard sur les mœurs générationnelles de ces Springs Breakers.

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Alors qu’on pouvait craindre le pire de son casting, l’effet est totalement réussi, sans jamais louvoyer un regard pervers déplacé, Harmony Korine ne flirte jamais avec le mauvais goût. Stylisé et noir certes, mais totalement entouré d’une certaine poésie jamais malsaine, presque onirique (le montage y est pour beaucoup). Les quatre comédiennes principales ne vont jamais vers une facilité de jeu qui aurait pu les faire passer pour des nymphettes, désireuses avant tout de changer leur image en choquant son public de manière gratuite. C’est osé mais totalement respectable, Mickey à trop vouloir brasser ses pudibonderies vient se faire tirer les oreilles et les représentantes des comédies musicales offrent une décharge électro à leur image. Quant à James Franco, il est de manière surprenante très crédible alors qu’on le pensait aller dans la caricature, vu la nature de son personnage.

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Ouvertement éloigné d’un réalisme certifié dans son dernier tiers, le film surligne encore plus ce qu’il a tenté d’annoncer durant l’heure précédente. Spring Breakers n’est pas une démonstration gratuite pour choquer ou voyeuriste mais une embarquée sauvage dans les clichés de ce rituel social US. Si on peut lui reprocher la duplicité dans les choix qu’il propose (le bien ou le mal, la fête ou la foi), il faut dépasser cette petite facilité pour voir autre chose dans cette expérience.

Les plus jeunes pourront voir une esthétique de bonbons acidulés, à l’arrière-goût de bières chaudes et de vodka frelatée alors qu’il convient d’y trouver, car désiré par le réalisateur, un regard ironique, critique et sans doute très intéressé par une génération irradiée par la fête constante et le fun comme leitmotiv. À défaut d’imposer un constat, le réalisateur s’emploie à réaliser un film plus esthétique que narratif avec de nombreuses envolées de formes et d’intentions sensorielles. Au vide de nombreuses séquences festives répond toujours un regard émotionné des 4 principales protagonistes. Sans être un chef d’œuvre, Spring Breakers reste l’abrupt mélange façon shaker de l’ironie de la forme et de la poésie visuelle, version pop culture 2.000.

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