Critique de Running Man
Synopsis
Dans un futur proche, les participants du jeu télévisé Running Man sont traqués en direct par des chasseurs professionnels. Ils doivent survivre 30 jours sous les yeux d’un public avide de violence. Ben Richards, prêt à tout pour sauver sa fille malade, est forcé de participer par un producteur impitoyable. Mais son courage et sa révolte feront de lui le favori du public… et la pire menace du système.
Avis de Yanick RUF
Running Man (2025) – Le cauchemar médiatique selon Stephen King
Près de quarante ans après la version culte de Paul Michael Glaser portée par Arnold Schwarzenegger, Running Man fait son grand retour en 2025 dans une relecture beaucoup plus fidèle au roman de Stephen King, dont l’auteur, cette fois, endosse le rôle de producteur exécutif. Le résultat ? Une œuvre nerveuse et moderne, aussi spectaculaire que dérangeante, qui réussit à actualiser le propos du livre pour une époque obsédée par l’image et le flux continu d’informations.

Un monde futuriste plus crédible que jamais
L’univers du film impressionne par la richesse de sa direction artistique : néons froids, mégalopoles surpeuplées, écrans omniprésents et technologies de surveillance rappellent combien notre société s’est rapprochée de la dystopie imaginée par King. Ce monde est visuellement cohérent, oppressant, et magnifiquement mis en scène. La réalisation, soignée et nerveuse, plonge le spectateur en immersion totale dans cette chasse à l’homme médiatisée où le spectacle prime sur la vérité.
Le scénario met en scène Ben Richards, père désespéré, contraint de participer à un jeu télévisé mortel pour financer les soins de sa fille. Pendant trente jours, il devient la proie d’un système qui s’amuse de sa souffrance, promettant fortune et célébrité à qui survivra. Cette base simple, déjà efficace dans la version de 1987, prend ici une dimension plus humaine et tragique : Richards n’est plus un surhomme, mais un individu ordinaire pris dans les rouages d’un divertissement monstrueux.

Une satire toujours actuelle
Le film réussit à capturer l’essence du roman : la critique du pouvoir des médias, capables de manipuler les images, de falsifier le réel et de transformer un innocent en ennemi public. Le géant de la communication qui organise le jeu incarne parfaitement cette dérive : une entité mondiale qui contrôle les émotions et les consciences grâce à des flux d’images truquées. Les séquences de montage télévisé, les écrans géants omniprésents, et les transitions façon clip rappellent la mise en scène publicitaire de notre époque. Là où le film de 1987 penchait vers l’action et la satire pop, cette nouvelle version choisit le ton du thriller social, plus sombre et plus crédible.

Un divertissement explosif et intelligent
L’action reste au rendez-vous : poursuites haletantes, affrontements nerveux et tension constante. Mais jamais le film ne sacrifie son propos à l’esbroufe. La mise en scène alterne efficacement entre violence spectaculaire et critique du voyeurisme, tout en multipliant les clins d’œil à l’univers de King. Le rythme, soutenu sans être effréné, fait de Running Man (2025) une œuvre plus équilibrée que son aînée, moins comic book, plus politique.

Visuellement réussi, rythmiquement maîtrisé et intellectuellement stimulant, Running Man (2025) s’impose comme une adaptation moderne et pertinente du texte original. Derrière la chasse à l’homme, c’est le portrait terrifiant d’une humanité prisonnière de l’image, où la vérité se fabrique en direct, à la vitesse des likes et des montages vidéo.
Un film d’action explosif, mais surtout un miroir cynique et glaçant de notre monde contemporain.

