Critique de Behemoth le monstre des mers
Synopsis
Des tests atomiques marins provoquent des changements dans l’écosystème de l’océan, ce qui entraîne de dangereux rayonnements et la résurrection d’un dinosaure en sommeil qui menace Londres.
Avis de Yanick RUF
Behemoth : quand l’Angleterre veut son Godzilla
À la fin des années 1950, le Japon triomphait avec Godzilla, symbole des angoisses nucléaires d’après-guerre. L’Angleterre, visiblement jalouse du succès du lézard géant, décida de produire sa propre créature destructrice : Behemoth, the Sea Monster (1959). L’idée ? Réutiliser la même recette, presque au plan près, avec un soupçon d’humour et une approche scientifique à l’anglaise.

Tout commence par une série d’explosions nucléaires dont les radiations contaminent le plancton. Ce plancton touche ensuite les poissons, puis les créatures marines, jusqu’à donner naissance à un immense monstre préhistorique venu des profondeurs. Le film prend le temps d’installer son ambiance : mise en scène lente, tons sombres, enterrement d’une victime, allusions aux origines bibliques du Behemoth… avant que la menace ne prenne forme.
Lorsque les premières attaques surviennent, la mise en scène joue avec la suggestion. On aperçoit d’abord de simples rayons lumineux et des empreintes géantes, créant un suspense efficace malgré les moyens limités. Puis, peu à peu, le monstre se révèle : une créature à la fois radioactive et capable de générer de l’électricité, prenant des airs d’anguille géante apocalyptique.
La seconde moitié du film bascule dans le pur film catastrophe. Behemoth fait surface dans la Tamise, et la panique s’installe. Les scènes d’attaque, tournées avec des maquettes et une animation image par image, restent d’un excellent niveau pour l’époque. Certes, les incohérences d’échelle abondent, mais elles contribuent justement au charme rétro et à ce côté délicieusement kitsch que les amateurs de monstres géants affectionnent.

Le scénario reste fidèle au schéma classique du genre : l’armée, les scientifiques et les politiques s’agitent, chacun proposant une méthode plus farfelue que la précédente pour éliminer la bête (explosion interne, poison, électrocution…) jusqu’à la solution finale, typiquement spectaculaire. Mention spéciale à certaines trouvailles involontairement comiques : le volant de camion transformé en commande de sous-marin, ou encore un oscilloscope servant de viseur. Des touches absurdes qui ajoutent une saveur involontaire à ce film devenu culte malgré lui.
Et, clin d’œil malin, le film se conclut sur une note ouverte, laissant deviner une suite qui ne verra jamais le jour. Behemoth reste ainsi un témoin fascinant de son époque : une copie assumée de Godzilla, empreinte d’humour britannique, d’effets spéciaux rudimentaires et d’une sincérité désarmante. Une œuvre imparfaite, mais savoureusement authentique.
Bande annonce du film Behemoth le monstre des mers



