Critique de Le tueur de la forêt
Synopsis
Dans les forêts de l’Oregon, un groupe de randonneurs est pris en chasse par un individu. L’un après l’autre, ils succombent aux coups de ce personnage habillé de peaux de bêtes.
Avis de Yanick RUF
L’exemple parfait du slasher fauché des années 80Remonter le fil du temps pour tomber sur Don’t Go in the Woods… Alone! (1981), c’est plonger tête la première dans ce que le slasher des années 80 pouvait produire de plus caricatural. Dès les premières minutes, tout y est : un groupe de jeunes amateurs venus camper dans la forêt, un tueur mystérieux qui rôde, des cris perçants, et une avalanche de meurtres plus grotesques les uns que les autres.

Tous les codes du genre sont alignés comme sur une checklist. Mais ici, la recette tourne très vite à la parodie, souvent involontaire.Les scream queens poussent leurs hurlements réglementaires, mais – surprise – sans la traditionnelle nudité gratuite qui faisait alors partie du folklore. Les maquillages, eux, compensent : giclées de faux sang à profusion et effets gore bricolés maison, pour un résultat à la fois grotesque et sincèrement amusant. Aucun effet numérique, bien sûr : tout est fait main, et ça se voit.

La musique, quant à elle, semble sortie d’une comédie scoute, oscillant entre mélodies guillerettes complètement hors propos et passages assourdissants. Résultat : chaque coup de couteau devient presque comique tant la bande-son désamorce la tension. Côté personnages, c’est un festival de caricatures ambulantes, dotées d’un QI collectif digne d’un tronc d’arbre. Le tueur, lui, reste presque invisible, souvent suggéré par la caméra : un procédé classique, mais ici vidé de toute efficacité.

Passons aux dialogues. Enfin, aux quelques phrases éparses que les acteurs parviennent à articuler entre deux cris. Navrants serait un mot faible. Mention spéciale au doublage français qui, dans son genre, atteint un niveau d’amateurisme joyeux rappelant les pires VF de l’époque. À ce stade, il vaut mieux rire que pleurer.Heureusement, le film ne s’éternise pas. Avec ses 1h21 au compteur, il sait au moins s’arrêter avant l’ennui total. On retiendra malgré tout un sommet de débilité mémorable : une scène improbable où un personnage en fauteuil roulant se retrouve seul, perdu au milieu de la forêt.

Un moment d’anthologie du non-sens qui résume à lui seul tout le film. En somme, Don’t Go in the Woods… Alone! n’est ni effrayant, ni bon, mais il possède ce charme absurde et fauché des productions de série Z qu’on regarde pour rire entre amis. À réserver aux nostalgiques des slashers d’un autre temps, ou à ceux qui aiment se punir devant du nanar pur jus.

