Critique de Orang Ikan
Synopsis
En 1942, dans le Pacifique, un navire japonais transporte des prisonniers de guerre vers les territoires occupés où ils sont réduits en esclavage. Après avoir été torpillés par des sous-marins alliés, un soldat japonais et un prisonnier de guerre britannique échouent sur une île déserte, mais découvrent rapidement qu’ils ne sont pas seuls. Ils sont poursuivis par une créature mythologique féroce, l’Orang Ikan, un hybride homme-poisson. Incapables de communiquer dans la langue de l’autre, les deux ennemis doivent s’unir pour survivre au monstre.
Avis d’Olrok
« Orang Ikan » est un film de survival horrifique qui mêle récit de guerre et série B de monstre marin, en exploitant avec efficacité un huis clos à ciel ouvert. L’action se déroule en 1942, en plein Pacifique, à bord d’un « hell ship » japonais transportant des prisonniers de guerre, dont Saito, soldat nippon considéré comme traître, enchaîné à Bronson, militaire britannique qui le hait pour sa nationalité. Après une attaque de sous-marin allié, le navire coule et les deux hommes, toujours liés par leurs chaînes, échouent sur une île déserte… en apparence seulement.

Le film joue d’abord la carte de la suggestion : on n’aperçoit de la créature que quelques plans furtifs, une silhouette ou une vision subjective dans l’eau, dans un esprit qui rappelle clairement le bis italien « Le Continent des hommes poissons ». Une fois dévoilé, le monstre, une sorte de mutant aquatique humanoïde inspiré du mythe malais de l’« orang ikan », cousin lointain de la sirène, apparaît plus souvent à l’écran, porté par des maquillages et des effets spéciaux gore très soignés pour ce type de production. La jungle hostile et les grottes sombres ajoutent d’autres dangers, humains ou non, rappelant que le poisson-homme n’est pas la seule menace qui rôde sur l’île.

Au cœur du film se trouve surtout la relation forcée entre Saito et Bronson, contraints de cohabiter malgré la barrière de la langue, le poids du conflit et une méfiance réciproque permanente. Le scénario explore jusqu’où peut aller la confiance lorsque la survie dépend de l’autre, transformant peu à peu deux ennemis en partenaires face à un prédateur implacable. Le suspense repose autant sur la question de savoir s’ils parviendront à s’entendre que sur la possibilité de s’échapper vivants de l’île, ce qui maintient l’intérêt tout au long du récit.

La mise en scène alterne efficacement scènes d’attaque très graphiques, où le sang gicle et les membres volent, et moments plus calmes où les personnages apprennent à se connaître et où affleurent leurs traumatismes de guerre. Le film reste rythmé et « se laisse regarder », offrant un divertissement tendu et généreux en horreur pour les amateurs de créatures marines monstrueuses. Il faudra toutefois patienter jusqu’au final pour découvrir la véritable raison de l’arrestation de Saito, élément de révélation qui donne une autre lecture au personnage et vient boucler proprement l’arc dramatique de ce duo improbable.


