Critique de Blue Demon contre le pouvoir satanique
Synopsis
Gustavo, un tueur aux pouvoirs parapsychiques est exécuté en 1914 au Mexique. Personne ne sait qu’il n’est pas réellement mort, mais dans un état cataleptique…
Avis de Yanick Ruf
Les catcheurs contre le diable… mais sans énergie
Dans les années 60, le Mexique a connu une véritable fièvre de la lucha libre au cinéma. Les catcheurs masqués, véritables icônes populaires, devenaient des héros de série B capables d’affronter aussi bien des savants fous que des momies ou des vampires. Blue Demon vs. Satanic Power s’inscrit pleinement dans cette tradition, réunissant deux figures mythiques du ring : Santo et Blue Demon. Sur le papier, tout est là pour un divertissement haut en couleur. Sur l’écran, c’est une autre histoire.
Le film démarre sur une vengeance d’outre-tombe. Un criminel exécuté en 1914 tente d’échapper à la mort en simulant la catalepsie afin de tromper le bourreau. Malheureusement pour lui, le plan échoue, et il finit enterré vivant. Près d’un demi-siècle plus tard, des pilleurs de tombes le réveillent accidentellement. Tel un Dracula de seconde zone, il sort de son cercueil sans une ride, prêt à reprendre goût à la vie… et à la chair. Ses pouvoirs hypnotiques lui servent à séduire plusieurs femmes, mais sa gratitude se traduit par un cadeau bien particulier : le repos éternel après une unique nuit d’amour.

Un mélange improbable de lutte et de surnaturel
Entre deux meurtres, l’intrigue tente de raccrocher les wagons avec les célèbres lutteurs masqués. Santo et Blue Demon, fidèles à leur réputation, gardent leur masque en permanence, même hors du ring. Comme souvent dans ce genre de production, la police fait appel à eux pour résoudre l’affaire, profitant de leur force et de leur sens de la justice.
Cela sert surtout de prétexte à une succession de combats filmés sans réel souffle, où acrobaties et coups de théâtre semblent recyclés d’un film à l’autre. On a l’impression que le film s’étire artificiellement pour atteindre ses 80 minutes réglementaires : les affrontements se répètent, les séquences de danse ou d’hypnose ralentissent encore le rythme, et la mise en scène peine à dynamiser le tout.

Du kitsch assumé… mais peu inspiré
Visuellement, le film offre quelques curiosités. Certains cadrages audacieux arrachent un sourire, et une scène plus osée – une femme en sous-vêtements caressée à l’écran, rare en 1966 – témoigne d’un léger vent de liberté. Mais pour le reste, la réalisation manque d’énergie et le jeu d’acteur reste quasi inexistant : expressions figées, répliques monotones, dialogues minimalistes. On entend plus de réflexions dites à voix haute que de véritables échanges.
Une curiosité pour amateurs du genre
Au final, Blue Demon vs. Satanic Power ne tient pas vraiment ses promesses. Même avec un démon, des catcheurs masqués et une résurrection spectaculaire, le film reste désespérément mou. L’histoire oublie d’expliquer les motivations du criminel ou les raisons de sa vengeance, et l’ensemble peine à susciter autre chose qu’un amusement nostalgique.

Une œuvre mineure du cinéma populaire mexicain, intéressante pour ce qu’elle représente (une époque où la culture populaire et le fantastique se mélangeaient sans complexe), mais qui, soyons honnêtes, ne restera pas dans les mémoires.

