Critique de Running Man
Synopsis
Los Angeles, 2019 : les USA sont sous la coupe d’une dictature qui a réduit les libertés publiques à néant et qui, grâce à des programmes télévisés bassement démagogiques, parvient à conditionner le comportement populaire. Le jeu‐vedette, suivi avec passion par le pays entier, s’appelle « The Running Man ».
Avis de Yanick RUF
Un futur saturé de médias et de muscles
Sorti en 1987, The Running Man s’inscrit pleinement dans l’âge d’or des films d’action aux héros bodybuildés. Arnold Schwarzenegger, alors au sommet de sa popularité, y incarne Ben Richards, un homme injustement accusé, contraint de participer à un jeu télévisé mortel où des chasseurs traquent des condamnés pour divertir le public. Autour de lui, un casting solide : Jesse Ventura, ex-catcheur reconverti en acteur, campe le charismatique capitaine Freedom, tandis que Yafett Kotto apporte une touche de gravité et d’ironie dans un univers où tout semble voué à l’excès.

Le film, adapté d’un roman de Stephen King publié sous le pseudonyme Richard Bachman, transpose l’idée des chasses du comte Zaroff dans un futur dystopique où les médias ont pris le contrôle des consciences. Réalisé par Paul Michael Glaser, The Running Man illustre à merveille la vision qu’avait la fin des années 80 d’un futur où la télévision façonne la réalité. Le résultat tient autant du thriller que de la satire sociale : publicité omniprésente, désinformation, voyeurisme généralisé et télé-réalité avant l’heure.
Spectaculaire dans sa mise en scène, le film joue sur la théâtralité de son jeu télévisé : danseuses, effets spéciaux criards et ambiance de show permanent. La restauration récente rend hommage à ces décors colorés typiques de l’époque, entre néons, fumée et costumes extravagants. Derrière cette esthétique kitsch se cache pourtant une réflexion glaçante sur la manipulation des masses et le pouvoir corrupteur des médias, thèmes aujourd’hui plus actuels que jamais.

Le film n’oublie pas non plus de cultiver l’humour et l’autodérision, caractéristiques du cinéma d’action des années 80. On y retrouve les répliques mordantes et les clins d’œil évidents à Terminator, dont le célèbre « Je reviendrai », clin d’œil réjouissant pour les fans de Schwarzenegger.
Au-delà de son aspect divertissant, The Running Man se distingue par sa clairvoyance. Il anticipe la montée en puissance des écrans, du culte de la célébrité et du voyeurisme collectif. Les riches spectateurs remportent des cadeaux tandis que les plus pauvres parient sur la mort en direct, reflet d’un monde où la souffrance devient un spectacle et où la publicité règne en maître.

Plus qu’un simple film d’action, The Running Man est un miroir ironique et visionnaire du futur tel que l’imaginait la fin du XXe siècle — un futur que l’on pourrait presque reconnaître aujourd’hui. Reste à découvrir si l’adaptation prévue pour 2025 réussira à capturer cette essence mi-satirique, mi-prophétique, chère à Stephen King et à une époque où l’excès faisait office de vérité.

