Joy of madness

Hana (14 ans) suit sa soeur Samira Makhmalbaf à la recherche de comédiens amateurs pour le tournage de son long-métrage « A 5 heures de l'après-midi ».

Les Afghans n'acceptent pas facilement de jouer dans un film. La femme afghane a peur, peur qu'on la voie, peur d'avoir une carte d'identité, peur de participer à la vie sociale, peur surtout du retour des Talibans.

Hana montre comment sa soeur sélectionne ceux qui deviendront les acteurs et les actrices de son film et comment elle bâtit les dialogues en conversant simplement avec eux.

  1. Titre original: Lezate divanegi
  2. Pays: Afghanistan, Iran
  3. Année: 2003
  4. Réalisatrice: Hana Makhmalbaf
  5. Scénariste: Hana Makhmalbaf
  6. Interprètes: Samira Makhmalbaf, Mohsen Makhmalbaf, Agheleh Rezaei, Agheleh Farahmand, Bibigol Asef, Haji Rahmodin
  7. Durée: 71 minutes

L'avis d'Alex :

« Joy of Madness » est un drôle de "documentaire". Tourné par une ado qui à l'aide sa petite caméra fait témoignage du véritable labeur de sa soeur Samira (prix du Jury à Cannes en 2000 pour "Le Tableau noir") à faire accepter aux Afghans (hommes ou femmes) de tourner dans un film...

Alors que partout ailleurs dans le monde (ou presque), tout un chacun(e) serait plus qu'enthousiaste de se retrouver à la tête de l'affiche d'une cinéaste multi-primée, c'est l'exact contraire qui se passe ici ! Du mollah qui se rétracte en affirmant que cela va au contraire des « lois du Seigneur » à l'actrice qu'il faut supplier pour prendre de son temps pour un tournage d'un mois et demi, on assiste là à un véritable parcours du combattant qui illustre de manière pertinente la PEUR viscerale qu'a gardé le peuple afghan du régime taliban, et de la dictature en général. Peur de se montrer, d'être reconnu par ses voisins, de devenir la honte de sa famille... Comme si (apparemment) libéré de ses chaînes, ce peuple gardait dans ses gênes le fait d'être toujours entravé !

Un film qui pourrait s'apparenter à une triste fiction... si tout n'était pas malheureusement si réel ! Témoignage d'une étonnante maturité (surtout pour une « cinéaste » de 14 ans, il est vrai née dans une grande famille du cinéma iranien, puisque outre sa soeur, sa mère Marzieh et surtout son père Mohsen -qui a fondé une école de cinéma- baignent littéralement « dedans » !), cette « joie de la folie » nous montre une suite d'âpres négociations qui semblent parfois ne plus finir, et au-delà la ténacité d'une cinéaste à faire aboutir son projet.

Une découverte fort instructive...

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