Utoya, 22 juillet
Utoya, 22 juillet

Utoya, 22 juillet

Réalisateur
Erik Poppe
Acteurs
Andrea Berntzen, Brede Fristad, et Elli Rhiannon
Pays
Norvège
Genre
Drame et Thriller
Durée
90 min
Titre Original
Utøya 22. juli
Notre score
8

Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik se rend au camp d’été de la Ligue des jeunes travaillistes, sur l’île d’Utøya, pour massacrer le plus de personnes possible. Kaja, 19 ans, est sur l’île à ce moment-là, et elle cherche sa sœur quand débutent les événements…

Film présenté à la 24 ème édition de l’Etrange Festival 2018

 

L’avis de Manu :

Erik Poppe, réalisateur reconnu en Norvège, moins dans nos frontières, un film avec Juliette Binoche, L’Epreuve, s’attaque après quelques années au fait divers le plus meurtrier du 21 ème siècle en Norvège, le massacre sur l’ïle d’Utoya le 22 juillet 2011 de 69 jeunes de la Ligue travailliste. Un même projet sortira courant octobre sur Netflix, réalisé par Paul Greengrass (Jason Bourne, Vol 93), avec un tout autre axe de réalisation. Ici, pas de compromis : le choix de Poppe est de réalisé un (faux) long plan-séquence, d’une qualité inouïe, afin de rendre immersif son récit tout en questionnant chacun sur son rôle de spectateur et de sa perception. Ici pas de voyeurisme, une immersion caméra épaule pour mettre en scène ce qu’a pu être ce cauchemar. Le résultat est évidemment éprouvant devant la radicalité de sa mise en scène, choc, expérience douloureuse par la simple utilisation d’un design sonore percutant.

Utoya, 22 juillet

On ne voit quasiment rien, on reste constamment à proximité d’un groupe puis du personnage principal par la suite. Évitant les pièges de ce que le procédé insuffle, Erik Poppe filme l’ensemble avec un réalisme saisissant, ayant pris soin d’interviewer les rescapés de cette journée noire. Jouant avec le terrain d’une île dont il est impossible de s’extirper, l’expérience prend aux tripes sans pour autant éviter quelques longueurs, les défauts de ses qualités en somme. Les moments d’attente, de planque, de caches, sont nécessaires, mais ne s’inscrivent évidemment pas dans le cadre d’un rythme de récit usuel, ce qui était justement nécessaire. Aucun voyeurisme gratuit, on ne verra quasiment jamais d’hémoglobine ou de corps meurtris, et tout se jouera principalement sur le montage son. L’idée ici n’est pas d’être réaliste, l’héroïne et ce qu’elle vit est pure fiction, mais plutôt de s’inspirer des faits réels, comme précisé dans le film, ne voulant jamais jouer sur l’ambiguïté. L’idée de Koppe est de provoquer un choc radical tout en respectant la mémoire des victimes afin d’éveiller les consciences sur ce qui aurait pu être évité et la nuisance de l’extrême droite très vive en Europe notamment, ces dernières années.

Leçon politique sur fond de moral affectif et émotionnel, Utoya, 22 juillet est une claque en soit, une expérience de cinéma comme rarement on en a vu (tout juste se rapproche-t-il d’Elephant de Gus Van Sant). On pourra reprocher une fin qu’on sentait venir, un peu facile pour marquer encore plus le coup, mais le tout est tellement immersif que le ressenti se dissout ailleurs. A la fin l’électrochoc est là, l’impact puissant, laisse le spectateur cloué dans son fauteuil, en train de réfléchir à la portée réflective de cette petite heure trente écoulée devant lui. Éprouvant, mais respectueux des personnes ayant vécu le drame, tout en dénonçant avec force et intelligence les idéologies à contrecourant de toutes portées humanistes. Une expérience en salle, cinématographique et interrogative sur de multiples points.

Utoya, 22 juillet
Utoya, 22 juillet
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