Samsara

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Documentaire
Durée
99
Titre Original
Samsara
Notre score
5
Samsara

Suite du mirifique Baraka, Samsara est un mot tibétain qui signifie «roue de la vie», concept à la fois intime et vaste qui définit l’âme de chacun. Pendant quatre ans, Ron Fricke a parcouru plus de vingt pays dont le Japon, l’Éthiopie, l’Égypte, la Palestine et la Turquie pour traiter de ses thèmes de prédilection: l’interconnexion et la transcendance. Comme pour Baraka, il a entièrement tourné son film en pellicule 70mm (Super Panavision 65).



Ce film est diffusé dans le cadre de la thématique Focus Ron Fricke à la dix-huitième édition de L’étrange festival




 



Avis de Manuel Yvernault :



1992. Ron Fricke livre aux yeux du monde Baraka. Projet sans étiquette, long-métrage d’un autre genre, voyage émotionnel dans tous les sens du terme. Plus qu’un film, Baraka est une œuvre, là où l’artistique mêlé à la technique offre des sensations uniques au spectateur.


Presque 20 ans plus tard, le très attendu Samsara, est enfin projeté. Même envie, même technique mais un autre voyage, différent, toujours aussi intense.

Ce qui marque le plus c’est la cette manière, lente, délicate dont Fricke compose ses plans. Une fois un axe choisi, une lumière naturelle attendue, le réalisateur capte dans un mouvement précis et méticuleux, les images du monde. Cette propension à transmettre à travers des images un sens inné de la beauté, conjuguée à la réflexion et l’émotion est le point majeur de Samsara. La qualité du film se partage entre le montage du film et sa mise en scène, comme dans Baraka, et contribue à la force du récit. Si la réalisation laisse une libre interprétation au spectateur, elle offre également une pluralité d’interprétations selon le regard porté.



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Chez Ricke, tout est subtil de sens et fort de démonstration. De plans composés et naturels, le réalisateur en tire une moelle émotionnelle lourde de conséquence, nous propulsant dans des montagnes russes où le ressenti slalome entre absurdité du monde, beauté de la nature, bêtise humaine, différence culturelle, majestuosité des espaces…


Il convie ainsi le spectateur à se diriger vers sa propre interprétation des images qui défilent devant ses yeux, sans explications. Ainsi cette séquence, à la frontière des deux Corée, prend un impact plus puissant sans insistance, définie par un regard rapide dénonçant ici l’absurdité d’un conflit géopolitique.

Il serait bien difficile de faire une liste de toutes les démonstrations de Fricke tout au long de Samsara mais la séquence de fin répondant à celle d’ouverture résume et énonce un discours clair que le réalisateur tente, non pas de nous imposer, mais de nous proposer.



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En résulte parfois une violence du propos, violence de fond plus que graphique (qu’on ne retrouvait pas avec tant d’ardeur dans Baraka) qui pourrait mettre à mal si Ron Fricke ne parsemait de temps à autre son film de moments d’une humanité franche (principalement la captation de regards face caméra).

Près de vingt ans après, sur un même principe, Ron Fricke livre un film nécessaire, fragile et délicat pour qui voudrait s’y fondre entièrement. Une fois l’invitation acceptée, c’est un moment de cinéma d’une rare intensité qui nous ait donné à voir. Un voyage au cœur du monde, au fond de nous-même et de ce qui nous entoure, à côté de chez nous ou dans l’hémisphère opposé.



Samsara est en parfait équilibre, une expérience sensitive et cinématographique qu’on découvre de manière personnelle et subjective et qu’on emporte bien au-delà des quelques heures après le générique de fin. Sublime.

Samsara
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