Lost river
Lost river

Lost river

Réalisateur
Ryan Gosling
Acteurs
Christina Hendricks, Iain De Caestecker, et Saoirse Ronan
Pays
USA
Genre
Fantastique et Thriller
Durée
105 min
Titre Original
Notre score
7

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

Film présenté dans la catégorie Un Certain Regard au 67ème festival de Cannes


Avis de Fabien :

La star de Drive Ryan Gosling est arrivé sur la Croisette avec sa première réalisation présentée à Un certain regard, Lost river.

Avec son mélange de réalisme social où une famille se bat pour garder sa maison dans une cité en ruines (tournage à Détroit) et d’envolées oniriques et surréalistes, Lost river tient la distance et se révèle attachant, un conte noir singulier en dépit de références marquées au cinéma de son ami NWR et ses plans hypnotiques avec filtres colorés ou à celui du maître de l’étrange David Lynch via le cabaret maléfique, la destruction pyromane.

Dans Lost river la mort, la violence rôdent, se répandent des visions fantasmagoriques et des situations réalistes où les personnages luttent contre la folie des hommes et la précarité pour s’offrir une vie familiale meilleure. Des séquences poétiques, des instants troublants et des envolées naïves voisinent dans ce premier film plein d’audace, superbement éclairé par Benoit Debie et illuminé par la rousseur flamboyante de Christina Hendricks.

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Avis de Manu

La sortie de Lost River, premier film réalisé par Ryan Gosling, fera probablement l’effet d’un pétard mouillé, en tout cas, devant la cour de fans de dernière minute qui ont découvert le talent immense et le magnétisme du comédien avec les sorties cumulées de Drive, Crazy, stupid, love et Les marches du pouvoir. Actualité et tendance (récentes et passées) obligent.

Heureusement, ses choix cinématographiques n’ont pas dévié pour autant puisqu’il a continué sa collaboration avec Derek Cianfrance (The Place Beyond The Pines) et Nicolas Winding Refn (pour l’inoubliable Only God Forgives).

Fort de ces deux dernières références sur le plan de la mise en scène, sans doute bercé également pas les premiers films de Terrence Malick, Lost River, après digestion, s’avère une bien jolie pépite mais comme chaque rareté à ne pas mettre entre toutes les mains.

Il n’y a bien sûr aucun mode d’emploi pour apprivoiser ce genre de film et tout le monde pourra se faire un jugement, subjectif, qui sera crédité du poids émotionnel et personnel de chacun, afin de se forger un avis tout a fait louable.

Mais il ne faudrait cependant pas passer à côté d’un film qui finalement tend plus vers la démarche artistique que vers une arche classique du 7ème art.

Lynch s’y est souvent aventuré, on récolte alors une horde de fans d’un côté, et de l’autre, des gens qui resteront à quai devant un tel objet.

Car Lost River fonctionne uniquement par la curiosité et l’étrangeté qu’il développe. Le scénario, plus fable onirique, biseauté, conte urbain qui ne ressemble à rien de schématique, jusqu’à un point de confusion et d’abstraction qui laissent peut-être dubitatif. On comprends les idées principales, la chute mais, entre, tout ressemble à des saynètes quasiment isolées les unes des autres.

Le plus intéressant se situe ailleurs. Dans sa mise en scène, sa note artistique, ses séquences toutes plus étranges les unes que les autres. Une photographie sublime du belge Benoît Debie (un habitué de Fabrice Du Welz, Gaspar Noé et prochainement Wim Wenders ; ça donne un peu le ton…), mais également dans une bande son envoutante de Johnny Jewel, probablement une des plus belles de cette année.

Les cadres sont magnifiquement composés, les mouvements (nombreux ralentis) construisent certes un ensemble proche du clip mais sont vraiment ensorcelants.

C’est un peu tout, et rien en même temps donc. Lost River s’habille donc d’éléments peu séducteurs si on s’attend à voir un divertissement calibré, cloné, facile d’accès, divertissant. On ne trouvera aucun code du film dramatique, du polar ou même du thriller par exemple. Un simple (pas tant que ça d’ailleurs) OFNI, envoûtant, magique, perturbant et attirant. Un objet qu’on doit prendre le temps d’apprivoiser et qui questionne, perturbe et étrangement qu’on a envie d’adorer malgré le vide (in)certain qu’il laisse dès son dernier plan. Vide qui sera comblé par tout l’impact artistique qu’il réussit finalement à déployer après coup. En somme, un cinéma trop rare et peu prétentieux pour le coup. Personnel certes mais ascensionnel.

 

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