La Belle Et La Bête : Test Blu-ray
La Belle Et La Bête : Test Blu-ray

La Belle Et La Bête : Test Blu-ray

Réalisateur
Juraj Herz
Acteurs
Zdena Studenková
Pays
Tchécoslovaquie
Genre
Drame et Horreur
Durée
87 minutes
Titre Original
Panna A Netvor
Notre score
8

La Belle Et La Bête, conte traditionnel français, a connu de multiples adaptations cinématographiques. De Jean Cocteau à Bill Condon en passant par Christopher Gans ou encore la relecture moderne et remodelé de Guillermo Del Toro avec La Forme De L’Eau, le conte de Gabrielle Suzanne De Villeneuve n’a cessé d’inspirer les cinéastes du monde entier. Néanmoins il demeure une version offrant une vision davantage horrifique, gothique de cette œuvre romantique. Il s’agit de la version tchécoslovaque de Juraj Herz sorti en 1978.

La Belle Et La Bête : Test Blu-ray

L’article présent reviendra en deux temps sur l’édition que propose ESC de La Belle Et La Bête de Juraj Herz :

  1. La critique de La Belle Et La Bête

  2. Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray

L’avis de Quentin :

  1. La critique de La Belle Et La Bête

La version de Juraj Herz est une proposition étonnante et surprenante du conte traditionnel. Elle en reprend les grandes lignes narratives mais ne cesse de nous surprendre par ses approches et idées. Le cinéaste Tchèque prend le parti d’un cinéma à mi-chemin entre le baroque et le gothique. Le château dans lequel se cache la Bête n’a rien d’une bâtisse d’exception. Il s’agit plutôt de ruines dans lesquelles ne cessent de s’infiltrer l’eau et les restes d’une végétation mourante. On pense souvent au Stalker de Tarkovski lors des scènes tournées dans la « zone », cette poésie pessimiste laissant continuellement une chance s’échapper, un espoir nommé l’amour dans le cas du film de Juraj Herz. Un amour pour libérer les êtres de la solitude.

Le film bien que très sombre et poisseux, délivre au travers du personnage de Belle une ode à l’amour et à l’innocence. Elle parvient constamment à se subsister aux drames, aux périls de la vie de par son optimisme. Elle dépasse la jalousie et la cruauté de ses sœurs, elle protège son père quitte à en perdre la vie, et parvient malgré tout cela à trouver du bonheur dans cette maison hantée devenue sa nouvelle demeure. Le seul obstacle au bonheur de l’héroïne en devient la solitude et l’impossibilité de découvrir l’hôte des lieux. Belle a tout d’une croyante transcendée, un être essentiellement conçue pour l’aide et la pénitence d’autrui. On parvient même durant les scènes menant la jeune femme au château à se croire dans la légèreté et la candeur des séquences introductives de La Source de Ingmar Bergman.

Effectivement Juraj Herz est un monstre de mise en scène. Il sait exactement de quelle manière organiser son cadre et quel plan tirer pour parvenir à transmettre ses émotions. Nous sommes pris dans cette dramatique valse du début à la fin. Jamais l’oeuvre littéraire n’avait autant resplendit au cinéma depuis la réalisation de Cocteau. Elle supplante de loin toutes ses variantes. Le cinéaste parvient avec un grand succès à orienter le récit sur la cruauté et la violence des contes de fées. Il enterre les interprétations romanesques, aseptisées et dévoile une perception tout en détails et en noirceur. Il interroge de manière beaucoup plus fine et ingénieuse la cruauté des hommes, dépassant l’insipide affrontement de la bête et les hommes. En un instant, en un regard des hommes dans les villes ou dans leurs interactions mutuelles, on différencie assez vite quels sont les préceptes pour être un homme ou une bête.

La Belle Et La Bête : Test Blu-ray

L’approche horrifique de l’oeuvre est également très intéressante et insuffle une nouvelle perspective à l’adaptation. Une approche qui colle d’autant plus avec la cruauté des contes traditionnels. Le parti pris visuel du film est très terne laissant aux couleurs vives un vrai éclat. Le vin et le sang sont resplendissants tout comme la chair. Tout y est conçu pour offrir une ambiance radicale, sauvage. Contrairement aux autres versions, on ne revient pas sur l’histoire de la bête ou d’une quelconque malédiction. En aucun cas, un échappatoire est prévu. On ressent également une dualité interne chez la créature, atteinte d’une véritable schizophrénie. L’homme se bat constamment avec la bête pour parvenir à subsister dans ce corps prison. L’un voulant supplanter, écraser l’autre pour subsister et asseoir sa volonté son autorité.

Le mythe de la bête est même dépassé et emprunte des mécanismes aux films de vampire. Elle doit ainsi boire du sang pour survivre. Belle devenant avec alternance la proie mais également l’amour. On se demande même si Francis Ford Coppola n’aurait pas été inspiré par certaines scènes du film pour son Dracula.

Enfin pour appuyer cette ambiance si particulière Juraj Herz a fait appel à Frantisek Cerny pour la bande originale qui ajoute au film une atmosphère proche de celle du rêve, portant le drame inhérent au film vers une hypothétique fin plus lumineuse. Une judicieuse association image et son nous est ainsi proposée.

Il y a de ces films totalement oubliés qui le jour de leur résurrection s’imposent de manière unilatérale comme des chef d’œuvres, La Belle Et La Bête de Juraj Herz en fait parti. Un conte d’horreur gothique servi par une photographie remarquablement poisseuse, parvenant à remettre au centre de l’échiquier, la volonté première des contes : mettre en garde face aux déviances de l’être humain.

La Belle Et La Bête : Test Blu-ray

  1. Les caractéristiques techniques de l’édition Blu-ray

Image : Le master haute définition proposé par ESC nous permet de découvrir cette œuvre oubliée dans de belles conditions. Le piqué y est agréablement ajusté, permettant de pleinement entrer dans l’œuvre, rendant les personnages hypnotiques. Néanmoins, l’image crépite à plusieurs reprises, ce qui peut gêner durant la première séquence puis le générique mais qui s’estompera par la suite. Le format image a été respecté ainsi que la colorimétrie si particulière de l’œuvre, laissant aux couleurs vives toute leur ampleur. Un master honnête et réussi.

Note Image :3,5/5

Son : Deux pistes sont proposées par l’éditeur français avec :

Une version originale 2.0 : Le master son d’origine est conservé et a été retravaillé pour coller aux normes haute-définition. La piste présente malgré un souffle très léger parvient parfaitement à nous projeter dans l’oeuvre de Juraj Herz et nous fait profiter du moindre de ses détails qu’il s’agisse de la bande son ou bien de l’environnement sonore. Les dialogues sont également bien équilibrés. Tout comme le master image, il s’agit d’une proposition honnête.

Une version française 2.0 : La version française reprend les réussites de la version originale mais se prend un peu les pieds dans le tapis en ce qui concerne la balance entre les voix et l’environnement sonore, le premier prenant le dessus sur le second, ne permettan pas toujours de capter parfaitement l’ambiance désirée par le cinéaste.

Note Son: 3,5/5

Suppléments : L’éditeur parisien a su sur cette édition Blu-ray, faire preuve de flair comme à son habitude. Il privilégie ici la qualité sur la quantité en nous proposant un unique supplément.

Il s’agit d’un entretien d’une trentaine de minutes avec le cinéaste français Christopher Gans. Il revient sur sa découverte du film en 1978 au PIFF. Il mène une analyse particulièrement pertinente à la fois sur l’adaptation de contes traditionnels sur grand écran mais également sur le parti pris politique de l’œuvre avec la dualité Tchécoslovaquie/Russie, se traduisant par la schizophrénie de la Bête. Enfin, il offre un coup de projecteur sur la vie et la carrière de Juraj Herz, cinéaste encore trop méconnu et qui mérite pourtant toute notre attention. Un supplément plein d’informations, d’analyses et d’anecdotes qui permettent de mieux cerner le film et le posséder pleinement. Une vraie réussite !

Note Suppléments : 4/5

ESC déterre ici un film dont le patrimoine cinématographique avait un besoin manifeste et nous ne pouvons que les féliciter ! La Belle et La Bête de Juraj Herz mérite d’être connu et reconnu de tous de la même manière que l’adaptation de Jean Cocteau.

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