Flight
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Réalisateur
Robert Zemeckis
Acteurs
Bruce Greenwood, Denzel Washington, Don Cheadle, John Goodman, et Kelly Reilly
Pays
USA
Genre
Drame
Durée
138 min
Titre Original
Flight
Notre score
10

Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.

 


L’avis de Manuel Yvernault :

Retour en grâce d’un réalisateur ayant sans doute le plus donné un sens aventureux à notre cinématographie adolescente. Robert Zemeckis, après 12 années consacrées aux films d’animation (Pole Express, La légende de Beowulf, Le drôle de Noël de Scrooge), revient à la fiction, les années écoulées forçant à une certaine maturité.

Maître d’une grammaire cinématographique marquée (revoir Seul au monde, entre autre, pour comprendre), Zemeckis a toujours su manier un sens du découpage et une mise en scène modernes et ornés d’une grande technique cinématographique. Joueur avec l’espace qu’il filme (revoir la brillante scène d’intro de Contact), il devient aussi bien créateur que manipulateur des séquences dont la fonction immersive serait le propre de son cinéma. C’est à travers cette intégration que toute une force de son cinéma prend de l’ampleur.

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On peut donc s’attendre à une multitude de scènes de ce type à chaque nouveau film. Dans Flight, Robert Zemeckis qui a mûrit, se dessine à un cinéma plus posé, bien que le spectaculaire soit encore présent. Deux scènes sont d’une intensité comme rarement vu au cinéma, au point d’en être viscéral, le cœur pris par le déroulement de l’action. Si tout cela est possible c’est autant par la mise en scène que par la crédibilité qu’il donne à l’évolution de ses personnages dans un espace donné. Manipulateur d’images et du sens conventionnel qu’on peut leur donner, Zemeckis escamote sur de simples séquences somme toute banales, un jeu de découverte. Fréquemment, le film évite donc les pièges du déjà-vu sur un scénario relativement simple mais très rythmé.

Bien sûr cette réussite n’est pas l’œuvre unique du réalisateur, qui bien que maître à bord se voit encore gratifié d’un équipage formé des fidèles de ces dernières années : Alan Silvestri confirme son statut de grand compositeur, Don Burgess donne un note particulière au film avec une photo naturelle et éclairée quand Jeremiah O’Driscoll, qui connaît maintenant très bien Zemeckis, lui offre un montage parfait de sens (séquence dans les escaliers de l’hôpital).

Si cette qualité de ton et de rythme est également possible c’est également grâce à la prestation majestueuse (encore et toujours) de Denzel Washington, magnifique, brillant, imprégné (les votants aux Oscars 2013 auront un choix difficile à faire cette année). Quand ce dernier absorbe la majorité de l’interprétation du film certains confirment tout le bien qu’on pensait d’eux, John Goodman (décidément partout ces derniers temps) et Don Cheaddle, trop rare.

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Dans ce tourbillon de cinématographie intelligente et divertissante, Zemeckis livre également son film le plus fin, au plus proche de l’émotion et de la gestion du drama. Il n’en n’oublie pas quelques pieds de nez, critiques subtiles de la société (le catholicisme) et clins d’œil assez bienvenus à sa filmographie, on ne se refait pas. C’est également, et Denzel Washington est parfait dans ce rôle, un regard critique que la société américaine peut porter aux héros (ou ici à son anti-héros). Si Zemeckis propose cette lecture, il offre surtout en surface un film dramatique poignant en exposant clairement un problème profond et souvent délicat à traiter cinématographiquement (on ne spoilera pas pour ceux qui désirerait ne rien connaître de l’histoire et vierge de toute bande annonce).

La fin, presque trop dramatique et « so US », en deux séquences, peut laisser un goût amer et surfait selon l’humeur toute subjective avec laquelle chaque spectateur aura traverser le film. Un détail tant la déflagration physique des premières minutes lors du crash prend un acte de résonance quand l’écran noir apparaît en toute fin. Ce n’est peut-être pas la manière la plus subtile de clore son film mais l’essentiel est là, un intense moment d’émotions, porté par un acteur grandiose et un réalisateur qui fait un come back en très grande forme. Flight s’avère finalement si moderne et subtil dans sa forme qu’on compte vraiment sur Robert Zemeckis pour encore réaliser des films dramatiques à la forme si mouvementée et joueuse. Joli retour.

 

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