Eperdument
Eperdument

Eperdument

Réalisateur
Pierre Godeau
Acteurs
Adèle Exarchopoulos, Guillaume Gallienne, et Stéphanie Cléau
Pays
France
Genre
Drame
Durée
1h 50min
Titre Original
Notre score
4

Un homme, une femme. Un directeur de prison, sa détenue. Un amour impossible.

L’avis de Quentin :

Eperdument est le second long-métrage de Pierre Godeau, jeune cinéaste, après Juliette sorti en 2013, ayant connu un certain succès critique à sa sortie. Le film est mené par deux acteurs que l’on ne présente plus : Guillaume Gallienne de la Comédie Française et Adèle Exarchopoulos. Avec un acteur sorti tout droit de la Comédie Française et une actrice ayant donné tout de sa personne pour La Vie D’Adèle, Pierre Godeau ne prend ainsi pas de risque au sein de son casting apportant deux valeurs sures du paysage cinématographique français.

Le film nous conduit dans une romance entre le directeur de prison et une détenue. Inspiré de faits réels, le film retrace la relation entre Sorour Arbabzadeh, incarcérée dans l’affaire du gang des barbares, et Florent Gonçalves, directeur de prison.
La quasi-intégralité du récit se déroule donc entre les murs de la prison de Versailles.
Avec un casting de ce rang étant parfaitement adapté à la thématique abordée par le scénario, Pierre Godeau pourrait-il passer à côté de son propos ?!

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C’est pourtant ce qu’il va se dérouler tout au long du film. Issu de milieu bourgeois, Pierre Godeau n’a alors jamais dû être confronté à ce type de situation ou ne s’est alors jamais intéressé à la sociologie car le film va d’invraisemblances en invraisemblances. Dans un premier temps, le réalisateur nous présente un environnement carcéral très stéréotypé et totalement hors de propos. La population en prison n’étant ainsi représentée que par des populations dites «  à problème » tout au long du film. Si bien que la prison se transforme très vite en microcosme des banlieues.
De plus, la totalité des détenues s’entendent à la perfection de manière à ce que le soir on peut presque s’organiser de petites « boum » en cellule. Dans l’enceinte toute entière de cette prison, une seule des détenues est alors « à problème ». En cela, Mr Godeau n’a jamais dû réellement s’intéresser au milieu carcéral que cela soit de façon littéraire, documentaire ou cinématographique. La prison où se déroule la série Orange is the New Black en est ainsi bien plus dangereuse que notre prison en question. De plus, Godeau n’a jamais dû entendre parler du problème des surcharges de détenus en milieu carcéral. Il nous livre ainsi une vision hors du temps des prisons, une vision qui aurait été d’actualité dans les années 50 certainement, mais en aucun cas dans notre situation actuelle.

Dans un second temps, la romance orchestrée entre Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos ne prend tout simplement pas. On ne croit pas à la situation, certains points sur la naissance de la relation ont ainsi été abordés mais bâclés. Le film avance bien trop vite. Pierre Godeau ne s’appuie pas sur les bons points pour que l’on puisse voir apparaitre une romance crédible et touchante. Il tente alors de filmer comme Kechiche, pour La Vie D’Adèle, cependant la sauce ne prend pas.

C’est certainement en cela que le film ne marche pas. On y rencontre un melting-pot des dernières grandes productions françaises. Le film n’a aucune âme, il tente ainsi de reprendre des thématiques de cinéma actuelles ainsi que des plans de certains réalisateurs mais ne fait que les pervertir. Le film en devenant alors parfois grossier dans ses lignes. Godeau fait un cela un mélange entre Un Prophète de Audiard, La Vie D’Adèle de Kechiche et Polisse de Maïwenn.

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Le personnage de Guillaume Gallienne est mené de manière plutôt agaçante prenant des risques tout simplement grotesques. L’amour rend certainement aveugle cependant il ne rend pas totalement candide. La direction d’acteurs en est alors parfois assez triste. Néanmoins, le film se relève de par ses deux interprètes principaux qui malgré une mise en scène à la ramasse parviennent à tenir le film et à éviter l’irréparable. Le film en est alors agréablement interprété par Adèle Exarchopoulos qui d’un regard parvient parfois à tout nous faire oublier ou encore lors des premières apparitions de Guillaume Galliene comportant une certaine tension sexuelle qui ne pourra malheureusement pas être maintenue tout le long du film faute à un scénario hasardeux.

Eperdument est alors un film porté à bouts de bras par ses acteurs mais tiré vers le bas par un réalisateur tout simplement à côté de son sujet. Ce qui est affligeant pour un film avec un tel bagage. Le film passe ainsi à côté de son succès alors qu’il avait toutes les cartes en main. Quel dommage …

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