127 heures

Réalisateur
Acteurs
Pays
Genre
Aventure, Drame, et Thriller
Durée
94
Titre Original
127 Hours
Notre score
5
127 heures

Parti pour une randonnée en solitaire dans les gorges de l’Utah, Aron Ralston, jeune alpiniste expérimenté, se retrouve bloqué au fond d’un canyon isolé lorsqu’un rocher s’éboule, lui emprisonnant le bras. Pris au piège, menacé de déshydratation et d’hypothermie, il est en proie à des hallucinations avec pour seule compagnie le souvenir des siens.
Cinq jours plus tard, comprenant que les secours n’arriveront pas, il va devoir prendre la plus grave décision de son existence…





L’avis de Taz :


A l’opposé de ce qu’il avait pu nous montrer dans ses précédentes œuvres, Danny Boyle nous propose ici un film intimiste, à la limite du minimalisme, que l’on aurait vite fait d’assimiler à un nouveau drame dans la veine d’Open water. Pourtant, l’entame et de nombreuses scènes sont pour le moins tonitruantes autant visuellement (vue subjective, travellings rapides) qu’au niveau de la bande son (musique à l’appui… beaucoup de musique) ce qui donne un dynamisme jouissif à l’ensemble. Sans doute faut-il y voir une volonté d’opposer le calme et le silence absolu dans lequel se retrouve le héros dès lors qu’il est coincé dans la faille à toute l’effervescence du monde qu’il a connu jusque là.


Le rythme calibré, où l’on ne prend pas une seule seconde pour respirer jusqu’à « l’incident » joue parfaitement son rôle : Aron va rester coincé, on le sait, et le réalisateur ne le cache pas, s’amusant même avec malice à faire monter la pression… Dès lors, un huis-clos s’instaure avec cet homme (pas vraiment héros, pas vraiment malgré lui) que l’on ne connaît pas et que l’on va découvrir aux rythmes de ses délires et de ses flashback. Ceux-ci, seuls moments où l’on sort de ce tête à tête pendant toute une partie du film, auraient mérité d’être un peu plus nombreux, d’autant que ce sont les seules occasions de voir la délicieuse Clémence Poesy, qui effectue ici une prestation plus proche du cameo que du rôle secondaire.


La montée en intensité de ce monologue, prouesse d’acteur, est accentuée par l’incessante envie d’Aron de laisser une trace de son passage, sentant que son heure est proche et multipliant les prises sur son caméscope et les photos de son état. On plonge peu à peu dans la folie, la détresse et la peur avec lui et on en vient aux mêmes conclusions. Malheureusement, Boyle fini ici, après nous avoir habilement guidé dans les méandres psychiques de son sujet pendant près d’une heure, par plonger du mauvais coté, quittant la fine barrière séparant empathie et voyeurisme morbide pour plonger dans le sadisme gore.

 


Restent les deux acteurs principaux de ce biopic, à savoir James Franco (Spider-Man, Sonny ou plus récemment Mange, Prie, Aime) très convaincant dans ce rôle de jeune homme sportif, déterminé et passionné se retrouvant en pleine introspection face à ses échecs et ses doutes et le désert de l’Utah, mis en valeur par une photographie impeccable, et qui permet à lui seul de faire pencher le film du côté du grand spectacle là où ses ainés s’étaient cantonnés au film de série B.


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L’avis de Fabien


Après le triomphe de Slumdog Millionaire aux Oscars 2010 avec 8 statuettes, Danny Boyle a choisi de mettre en images avec 127 heures une histoire vraie, une histoire de survie, celle de Aron Ralston, un randonneur américain qui, malgré son expérience, s’est retrouvé coincé pendant 127 heures dans un canyon dans l’Utah en 2003.

Le défi en terme de mise en scène était de taille pour le réalisateur anglais : faire  »un film d’action dans lequel le héros est immobile ». Les 20 premières minutes, très toniques, traduisent, par un montage nerveux avec split-screen, accélérés, musique rock, la vitalité et la fougue animant le personnage principal vite attachant. L’énergie de cette ouverture, tout en mouvements et lumières éblouissantes contraste idéalement avec la situation immobile et sombre du personnage piégé au fond d’une crevasse durant l’essentiel du récit.


Le drame déclenché, Boyle va se servir de différents outils narratifs et visuels comme le flashback, le flashforward et différents régimes d’images (images cinéma, images vidéo et photographies prises par Aron) pour matérialiser et rendre compte de l’attente insupportable, le remords dévorant, la douleur hallucinatoire. Les bidouillages visuels qui pouvaient agacer par moments dans le précédent Slumdog Millionaire se trouvent ici complètement justifiés car utilisés pour matérialiser hallucinations, rêves d’un homme qui n’a que l’imagination pour s’évader. Une des thématiques du film, la prise de conscience de l’image que l’on s’est construite et que l’on renvoie aux autres, est ainsi illustrée par ces plans de différentes sources, ceux de l’opérateur du film comme ceux de la caméra amateur du personnage.

Inserts objets, gros plans visage et corps, le calvaire de Aron est détaillé dans la moindre de ses manifestations : douleur physique, désespoir profond, folie rampante. Filmant au plus près de son acteur stupéfiant, James Franco, Danny Boyle installe une tension qui va crescendo, les heures s’égrenant lentement pour notre héros menacé de déshydratation, d’hypothermie et qui voit tout espoir de secours s’envoler.


Sur une histoire qui fait littéralement du surplace, le réalisateur évite l’ennui avec des micro situations dramatiques (se protéger du froid, composer avec l’absence d’eau) et des envolées fantasmagoriques permettant de prendre de la distance avec cette prison naturelle, magnifique décor de canyon, où il s’est enfermé lui-même par, comme il l’avouera, égoïsme. Le sujet principal du film peut se résumer en effet à une remise en question, dans le dépassement de soi et la douleur, de sa propre existence.


Danny Boyle livre avec 127 heures un de ses meilleurs films, une expérience intense, les expérimentations visuelles et sonores coutumières du réalisateur étant comme jamais en adéquation avec le sujet bouleversant d’un homme face à la mort.


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Test blu-ray


Technique


Définition et couleurs sont au rendez-vous pour suivre dans des conditions optimales cette aventure humaine tirée d’une histoire vraie. Les différents types d’images provenant de petites caméras comme celles utilisées sur Slumdog Millionaire ou d’appareils photos de pointe sont restitués superbement par ce master impeccable.

Comme souvent dans les films de Danny Boyle la bande-originale s’est vue accordée un soin particulier. La musique ainsi que les bruitages se déploient avec dynamisme durant tout le film à visionner de préférence en vo pour la composition étonnante de James Franco.


Bonus


Comme souvent, Danny Boyle s’exprime avec enthousiasme et éloquence dans le commentaire audio, aux côtés de Christian Colson et Simon Beaufoy, sur l’adaptation ciné de cette histoire vraie, ses choix de mise en scène et sa collaboration avec James Franco.


Le making-of (35′), 127 H : une vue extraordinaire, se focalise sur le travail entre le réalisateur et son acteur principal James Franco, coincé pendant des semaines dans un canyon reconstruit à l’identique en studio. Boyle y apparait comme un réalisateur sensible vivant la scène en même temps que son acteur autant qu’un technicien féru de petites caméras et d’appareils photos dernier cri comme le Canon 5D Mark II.


« Recherches et secours » (15′) est le récit du sauvetage de Aron Ralston racontée par lui-même,  ses proches et les secours.


Aron Ralston intervient à nouveau, avec franchise et lucidité, lors d’une conférence de presse (7′) donnée en janvier 2011.


7 scènes coupées (34′) sont ensuite proposée dont une intéressante fin alternative.


Les bonus se terminent par le sympathique court-métrage primé aux Oscars 2011, God of Love, de Luke Matheny et les traditionnelles bande-annonce et galerie de photos.


A noter que cette excellente édition haute définition Pathé propose enfin comme supplément le DVD du film.

 

(Test BD par Fabien)

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5
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