Cabaret: Le musical de Broadway

Adapté des nouvelles de Christopher Isherwood, la comédie « Cabaret » est présentée sous différentes mises en scène depuis plus de 45 ans, racontant la romance entre Sally Bowles, chanteuse au KitKat Club et Cliff Bradshaw, écrivain américain en manque d’inspiration, dans un Berlin des années 30 sur fond de récession et de montée du nazisme.

Elle est de plus à l’origine du film éponyme, réalisé en 1972 par Bob Fosse qui, malgré des libertés marquées avec l’histoire, a laissé son empreinte sur l’œuvre par la qualité de sa réalisation musicale (notamment l’interprétation de Liza Minelli et de nouvelles chansons telles que Mein Heir, Money, Money ou bien Maybe This Time).



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« Cabaret: Le Musical de Broadway » est ici l’adaptation française de la mise en scène de Sam Mendes et Rob Marshall (Chicago) créée à Broadway en 1998 et récompensée depuis par de nombreux prix aux Etats-Unis et en Europe. En France, le spectacle prend place aux « Folies Bergères » entre le 26 Octobre 2006 et janvier 2008 pour près de 450 représentations, 350.000 spectateurs et pas moins de 7 nominations aux Molières.

Après son retour, au théâtre Marigny cette fois ci, en octobre dernier, « Cabaret: Le Musical de Broadway » est en tournée pour plusieurs dates (voir notre news) avec dans les rôles principaux Claire Pérot, Emmanuel Moire, Geoffroy Guerrier ou bien encore Catherine Arditi.


Nous avons eu le plaisir d’aller les voir le 04 Février au palais Nikaïa de Nice, en l’absence d’Emmanuel Moire qui n’était pas au casting ce jour-là.


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Dès les premières notes, on se retrouve immergés dans l’univers de ce cabaret des tréfonds de Berlin par un EMCEE (Maitre de Cérémonie) provocateur, tendancieux mais surtout très énergique, nous présentant la troupe et l’orchestre qui se confondent allègrement, les « Cabarets Girls and Boys » étant à la fois acteurs, chanteurs et musiciens au grès des tableaux. Ceci est la particularité de cette mise en scène qui était, au départ, prévue pour être jouée au milieu d’une salle aménagée comme un vrai cabaret, avec des tables disposées jusqu’en bord de scène et des spectateurs jouant eux-mêmes des clients du KitKat Club.

C’est donc au rythme de la musique jazzy de cette troupe que l’on suit, les larmes aux yeux (parfois de rire mais souvent d’émotion), la vie de Sally, Cliff, Ernst Ludwig, Fräulein Schneider… qui cohabitent, s’aiment et se déchirent dans un monde en pleine perdition. Le tout est ponctué par les irruptions chantées d’EMCEE (plus étonnant de justesse à chacune de ses interventions) mettant en relief ces situations.

Les personnages débordent d’énergie et de volonté, les textes sont acerbes et les interprètes bluffant de talent (mention spéciale pour Sally et EMCEE, incroyablement interprétés) dans cet exercice de « théâtre avec des passages musicaux » assez peu répandu en France. La mise en scène est ingénieuse et surprenante, rythmée en permanence par une musique omniprésente mais jamais pesante.


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Pour les fans du film, le contraste entre l’histoire dépeinte ici et celle dans de Bob Fosse apparait à de multiple occasions, notamment par la traduction de la totalité des textes qui, même si l’on doit reconnaitre qu’elle est assez déroutante au début du spectacle (voire malheureuse à quelques rares moments), permet d’apprécier d’autant plus la contemporanéité des propos. Il est également intéressant de voir une Sally Bowles certes plus gaie en apparence mais plus complexe et tiraillée entre deux univers qui s’opposent ou bien encore un EMCEE plus excentrique et plus gouailleur.

On en redemande donc, regrettant que la tournée en province soit aussi courte, d’autant que les spectacles de cette qualité sont rares en dehors de la capitale, et on ne peut donc que vous inciter à vous ruer sur les rares dernières places disponibles pour en profiter, vous ne le regretterez pas.


U.G.

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