Interview de Luc Besson pour son film Adèle Blanc-Sec

Nous vous proposons l’interview du réalisateur Luc Besson pour son film Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec que nous avons pu faire pendant la conférence de presse qui s’est déroulée aux 14 èmes rencontres du Cinéma de Gérardmer.



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Comment avez-vous convaincu Jacques Tardi de vous laisser faire l’adaptation de la bande dessinée Adèle Blanc-Sec ?



Luc Besson : Lorsque j’ai contacté Monsieur Tardi pour la première fois à propos de l’adaptation cinématographique d’Adèle Blanc-Sec,  il a refusé immédiatement ! Lorsque les droits sont tombés au bout de 6 ans, je lui ai expliqué ce que j’aimais dans la bande dessinée. Avant de commencer le scénario, nous avons parlé pendant 1 an. Je lui demandais ce qu’il aimerait voir et ne pas voir.


Après, nous avons eu une discussion sur la durée car la BD se lit en 20/25 minutes alors que je devais réaliser un film de 90 minutes. Il l’a compris tout de suite, et à partir de là tout s’est bien passé. Avec toutes ses notes, j’ai pu faire une première version.

Je lui ai donné ensuite le scénario et il avait été ravi. Comme Jacques Tardi l’avait fait remarquer :


« Cela ne ressemble pas du tout à ma  BD mais en même temps c’est complètement ma bande dessinée. »


Il s’y retrouvait complètement dans ce scénario et presque  tout lui plaisait. Mais le prénom que j’avais prévu  pour Espérandieu était au départ « Philomène ». Tardi  trouvait que c’était un prénom de fille…





Par la suite, Tardi vous a-t-il laissé une liberté totale ?



Luc Besson : Oui. C’est moi qui allait le chercher et on l’avait invité sur le tournage. De plus, je lui avais envoyé le chef décorateur et il lui a ouvert son atelier. Ils ont travaillé plusieurs semaines ensemble.


Je voulais son approbation sur les décors et lorsqu’il est venu sur le plateau, qu’il a vu les décors, ça lui a fait un choc. Surtout que quelques instants après, Adèle est arrivée en tenue en lui disant bonjour ! (rire)





Pourquoi Adèle Blanc-Sec ?



Luc Besson : C’est mon père qui m’a fait découvrir la bande dessinée lorsque j’étais âgé de 20 ans. Adèle représente un personnage  féminin de l’époque qui est totalement irrévérencieux, qui fume dans son bain et qui parle aux momies normalement.  De plus rien ne l’impressionne. Elle arrive à être  pugnace et féminine en même temps.




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Pourquoi avez-vous choisi Louise Bourgoin ?



Luc Besson : J’avais un petit doute au départ sur l’actrice. J’aimais bien ses petits sketches à la télé. En voyant cela, j’ai trouvé qu’elle savait faire plein de choses. Je l’ai rencontré, et au bout de 5 minutes je savais que c’était elle et qu’elle représentait le personnage.


C’est incroyable, pendant le tournage, elle connaissait les scènes de chaque personne, les numéros de pages du script…. Elle vit complètement le film et s’en imprègne.





Pourquoi les momies ?



Luc Besson : Elles sont présentes dans la bande dessinée.  De plus, j’aime faire un décalage avec les momies. Elles veulent boire une tasse de thé, elles aiment faire peur aux gens et en rient. C’est aussi un clin d’œil à la civilisation égyptienne.





Est-ce-le premier volet d’une trilogie ?



Luc Besson : Je vous dirai cela après le 15 avril. En fait, cela dépendra vraiment du public. Car si les spectateurs aiment et si l’on a une histoire à ce moment là, cela peut se faire. Il y a 9 albums de Tardi, il y a de la matière, mais il faut attendre pour l’instant….




Comment avez vous travaillé pour les maquillages des personnages ?



Luc Besson : Lorsqu’on a fait des recherches sur l’époque, beaucoup de personnes avaient un gros nez ou ce genre de choses… J’ai pu remarquer que le français moyen a beaucoup évolué en un siècle !

De plus, j’ai préféré qu’ils aient tous des prothèses car je veux que l’on oublie la personne qui est derrière.





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Pourquoi le film est-il parfois comique ?



Luc Besson : Je trouve que la vie n’est pas facile et je pense qu’il faut amener des choses positives dans un film. Maintenant, je préfère proposer du sourire, de la douceur et du rêve au public. Lorsque j’avais 20 ans par contre, c’était tout le contraire…





Qu’a pensé Jacques Tardi du personnage d’Adèle ?



Luc Besson : Tardi a eu deux chocs face au personnage d’Adèle. La première fois lorsqu’elle lui a parlé sur le plateau.  D’habitude ses personnages ne lui répondent pas!


La seconde fois, c’est dans la scène pendant laquelle elle dédicace son livre qui s’appelle « Les démons des glaces ». Louise lui a dédicacé le livre et il lui a dit merci.


Physiquement, Louise Bourgoin ne ressemblait pas à Adèle (le personnage de BD est petit avec un nez en trompette). Mais après le film, Tardi a trouvé qu’elle incarnait complètement Adèle. D’ailleurs il ne se sent pas trahi.





Pourriez-vous-nous parler des dialogues ?



Luc Besson : On a beaucoup travaillé sur le timbre de la voix qui n’est pas d’époque. On a travaillé dans la musique de ces phrases pour la laisser d’époque. Par contre pour le décalage, elle est vraiment moderne et sa façon de répondre est moderne.





Pour les lieux de tournage ?



Luc Besson : On a vraiment tourné à l’Elysée lorsque le président n’y était pas présent au mois d’août. Au niveau des décors, nous avons ajouté une verrière que l’on avait vue sur une photo d’ époque.


Pour la 3D, c’est génial,  je posais avec ma caméra place de la concorde pour filmer et ensuite, il y a 400 personnes qui travaillent pendant 6 mois pour y ajouter les pavés, effacer les poteaux… Sur ces séquences, tous les véhicules sont réels. D’ailleurs le premier plan à 300 degrés a été très compliqué.




Que pensez-vous de l’adaptation de « Tintin » par Spielberg ?



Luc Besson : C’est superbe que Spielberg le fasse. D’ailleurs j’ai fait un clin d’oeil à Tintin en plaçant dans Adèle Blanc-Sec  l’oreille cassée dans les objets qui tournent. C’est le chef déco qui avait eu l’idée au départ.




Au niveau de la mise en scène ?



Luc Besson : Pour la mise en scène, je ne voulais pas que cela bouge de partout comme dans les séries du style 24h chrono.

J’ai fait un film qui prend le risque peut être d’être lent entre guillemet mais cela est comblé par la narration qui fait qu’il se passe quelque chose à l’écran à chaque minute.





Et pour la musique d’Eric Serra ?



Luc Besson : J’adore le thème qu’il a fait. Il est doué mais il n’étale pas son effort sur toute la période du projet et il travaille ensuite 23h sur 24. Par contre je l’ai embêté pour avoir le thème du film AVANT le début du tournage. Il avait écrit 15 thèmes et nous avons passé une soirée à les écouter et j’ai décidé de prendre le thème numéro 7.






Retranscription de l’interview par Stéphane Humbert et photos par Stéphane Humbert


Nous remercions Luc Besson ainsi que les organisateurs des 14 èmes rencontres du Cinéma de Gérardmer



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